De Calcutta à Paris : Prithwindra Mukherjee, l’homme aux multiples dimensions

Habitant la capitale française depuis plus d’un demi-siècle, Prithwindra m’a interpellé à la fois par sa capacité intellectuelle, via sa réflexion sur le mouvement indépendantiste indien dont Gândhi est issu, et par sa sensibilité musicale et poétique. En effet, dans sa jeunesse, Prith mit en musique plusieurs poèmes du Bengale et réalisa une Anthologie de mille ans de la poésie bengalie.

Après que je l’eus contacté, Prithwindra – le Seigneur de la Terre en sanscrit – accepta que Contrib’City publie un dialogue entre nous deux. Corona oblige, nous avons dû utiliser les outils modernes de communication. Malgré ces ersatz relationnels, nous avons quand même réussi à partager nos pensées et nos visions du monde.

Alors, j’adresse un très grand merci à Prithwindra pour l’honneur qu’il fait non seulement au site Contrib’City mais également à tous les lecteurs de ce témoignage. Prith nous partage son regard sur notre monde, avec ses souffrances médicales (Prithwindra fut atteint de la polio), ses guerres ou ses conflits. Ces dernières, même libératrices, sont toujours atroces : La fable que le programme non-violent de Gândhî ait valu à l’Inde son indépendance – sans jamais devoir verser une goutte de sang – se situe bien loin de la réalité[1]MUKHERJEE Prithwindra, Les racines intellectuelles du mouvement d’indépendance de l’Inde (1893-1918) – Conférence. Prith nous offre également les richesses culturelles de son pays d’origine et enfin, last but not least, son élan philosophique et spirituel puisé au sein de l’âshram (école) où ses parents l’avaient mis. Cette école avait été fondée par l’indépendantiste et poète Sri Aurobindo et sa compagne française, Blanche Rachel Mirra Alfassa, surnomée la Mère, et qui devait fonder en 1968 Auroville : une communauté internationale pacifiste, au nord de Pondichery.

En 1966, quand arrivant, seul, à Orly, avec juste la Grâce divine pour le soutenir, ayant dit au revoir à son Inde maternelle, un peu comme les amants de Jacques Brel[2]Cà y est, elle a mille ans, BREL Jacques, “Orly” in Les Marquises, Paris, Barclay, 1977. [Consulté le 4 mai 2020], disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=Lq5iD-xV9wI, il continuait son chemin. Maintenant sur le sol français, il allait [saluer] chaque jour une nouvelle expérience qui allait dans le sens de [sa] quête. Une route qui allait croiser celle de nombreux intellectuels et artistes tels que les sociologues Raymond Aron et François Bourricauld, l’historien Emmanuel Leroy-Ladurie, le compositeur Henri Dutilleux et la cantatrice étasunienne Dawn Upshaw, les chanteurs Georges Brassens (son voisin) et Jacques Brel, le metteur en scène Nicolas Bataille, l’économiste Jacques Attali ou bien le Pape (et juriste) Paul VI.

Ce qui m’a interpelé, chez Prithwindra, c’est sa multi-dimensionalité : une vie à la fois locale (Calcutta, Pondichéry, Paris), continentale (ses voyages dans le sous-continent en Inde) et enfin mondiale (Asie, Europe et Amérique).

La dimension historique chez Prith m’a surpris : à travers les chants en sanscrits (la mère de presque toutes les langues européennes), puis son apprentissage auprès de la Mère de l’âshram, les poèmes révolutionnaires indiens et enfin les écrivains français du XXe siècle.

Mais je crois que ce qui m’a ému, chez Prithwindra, c’est, au-delà de sa multi-dimensionalité, c’est sa fidélité à ce qui le porte au fond de lui, une force qui sublime son handicap, les distances géographiques et historiques, à l’image du savant britannique Stephen Hawking à la fois paralytique et parlant du cosmos. Comme l’explique simplement Prith : Il n’y a aucun hasard dans la vie.

Dans les prochains articles, vous pourrez, chers Contrib’Citizen, découvrir un peu plus cette force qui a mû Prith tout au long de sa route.

(Photo de couverture, 2009 : Prithwindra est déclaré Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres. Avec l’aimable autorisation de Prith).

 

 

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