Jouy-transfo. Le vrai du vrai : l’électricité et l’eau ne font pas bon ménage!
Dans son article du 19 janvier, Contrib’City avait évoqué la combinaison d’un risque industriel, via la présence d’un transformateur haute tension à côté d’une aire de jeux pour enfants, avec un aléa météorologique, celui d’une forte pluie, renforcé par un aménagement de la mairie de Jouy-en-Josas. Ces travaux, commencés début janvier 2021, sans consultation préalable avec le distributeur d’électricité Enedis, consistaient en un curage – à un agrandissement selon un Jovacien – d’un fossé reliant cette aire de jeux au transformateur. Ce fossé, à titre de rappel, après les travaux, était (re)devenu une véritable grosse canalisation ouverte, pouvant, dans le cas d’une forte précipitation comme celle de la nuit du 20 au 21 janvier 2021, amener un flux d’eau important et continu directement sur l’équipement électrique. Ce dernier reçoit un courant de 20.000 volts et le transforme en 15.000 volts. Le tout situé dans une zone habitée, entre des arbres de plus de 30 mètres de haut, à la sortie d’un virage.
A la suite de cela, M. Curti, Premier adjoint à la mairie de Jouy-en-Josas, délégué à la sûreté et à la sécurité, avait envoyé un droit de réponse intitulé Le vrai du faux. CC avait immédiatement publié, juste après l’article concerné (comme demandé), la réponse de la Mairie, préalablement envoyée par courriel, sans même attendre le recommandé postal. En effet, d’après l’expérience du site, il est très important, en aménagement, qu’il y ait un débat entre les électeurs et les décideurs (les élus). Car toute décision affectant un territoire doit être prise en concertation réelle avec les citoyens. Tout aménagement doit être fait pour et par les habitants.
Dans le cadre de mon enquête journalistique, je m’étais renseigné auprès des techniciens d’Enedis, le gérant du transformateur. J’avais pris soin d’enregistrer les conversations après avoir dûment prévenu les services du distributeur d’électricité. Je m’étais également rapproché de deux maîtres de l’art : des ingénieurs ayant une solide expérience dans le domaine de l’électricité. Pour résumer, une information commune, de la part d’Enedis comme celle des ingénieurs, est ressortie : l’électricité et l’eau ne font pas bon ménage!
Regardons chronologiquement comment s’est déroulée l’enquête de Contrib’City.
Le mercredi 6 janvier 2021, je me rends sur place pour observer le chantier. Je recueille le témoignage d’un habitant.
Dans la même journée, CC contacte les services techniques de la mairie qui laissent ma demande de renseignements au conseiller municipal M. Guy Bais, délégué aux travaux.
L’article Jouy – Les transformateurs à haute tension fonctionnent-ils à l’eau? est publié.
Le jeudi 11 janvier, j’appelle le service-client puis le service technique d’Enedis et je leur demande des informations. L’Electricien me fait part qu’il peut y avoir un danger potentiel. Enedis me conseille également d’envoyer un courriel, ce que je fais, soulignant mon inquiétude eu égard à l’aménagement du fossé entre l’aire de jeux et le transformateur.
Le lundi 18 janvier, j’appelle à nouveau Enedis et j’obtiens à nouveau le service technique. Ce dernier confirme plusieurs fois le compte-rendu technique, suite à la visite d’un technicien sur le chantier, vers 12h15 : une mise en demeure va être adressée à la mairie […] il faut modifier la tranchée. L’Electricien m’informe également que la mairie a réalisé l’aménagement du fossé sans avoir préalablement informé Enedis.
Le mardi 19 janvier, je publie un article : Jouy – Transfo : la mairie n’avait pas préalablement mis au courant Enedis.
Le mercredi 20 janvier, vers 18h00, l’adjointe à la déléguée relation cliente m’appelle. Elle m’informe qu’elle a été en contact, dans la journée, avec la mairie de Jouy-en-Josas, et que les informations techniques qui m’ont été données plusieurs fois par le service technique d’Enedis était erronées. La responsable commerciale me présente ses excuses.
Le 20 janvier, à 19h00, Mme le Maire de Jouy-en-Josas fait une intervention publique, via un réseau social, et répond aux différentes questions des Jovaciens.
Dans la nuit du 20 au 21 janvier 2021, une violente tempête s’abat sur la vallée de la Bièvre. Le fossé déborde et verse des flux d’eau sur le transformateur. Ce dernier, d’après un voisin, est submergé par l’eau et émet des claquement répétitifs. Une hypothèse de la cause de ces claquements : des arcs électriques du fait de la saturation de l’air par l’humidité. La question demeure en suspens.
Le jeudi 21 janvier, en début d’après-midi, l’adjointe à la déléguée relation cliente d’Enedis envoie un courriel à CC : elle présente toutes ses excuses pour les réponses imprécises ou incomplètes, informe qu’il n’y a pas de risque vis-à-vis du transformateur et confirme que la Mairie a bien prévenu Enedis après les travaux. Elle indique également que l’écoulement des eaux n’est pas du ressort de l’Electricien.
Resté sur ma faim quant à la question du risque généré par les flux d’eau issus du fossé lors de grosses précipitations, je renvoie un courriel à la responsable commerciale.
Le 25 janvier 2021, l’adjointe à la déléguée relation cliente d’Enedis me répond.
Cependant, plusieurs questions demeurent : pour quelles raisons la responsable commerciale d’Enedis a contredit les techniciens qui jamais n’ont hésité dans leurs réponses à mes questions au sujet du fossé? Qu’est-ce qu’elle entend par conditions météorologiques difficiles? Signifie-t-elle par là qu’il n’y aucun risque même si un flux d’eau continu s’abat sur le transformateur, comme ce fut le cas lors de la tempête qui s’est abattue dans la nuit du 20 au 21 janvier 2021? Cependant, elle ajoute immédiatement que l’Electricien n’est pas responsable de l’écoulement des eaux. Enfin, les claquements répétés de l’équipement lors de la tempête, et dont témoigne un Jovacien, ne ressemblaient en rien au ronronnement que l’on peut entendre sur les transformateurs. Ce ronronnement provient, d’après un ingénieur, de la résonance de certaines parties métalliques.
En conclusion, je laisserai le dernier mot à un expert qui apporte la solution à cette discordance. Il existe deux types de sécurité dans le secteur industriel, et notamment celui de l’énergie : la sécurité réglementaire et la sécurité opérationnelle. La première est celle dictée par les règles, elles-mêmes issues de l’expérience du terrain. La seconde provient non seulement des expériences passées mais également de la réalité du terrain lors du chantier en cours. Or, même si un transformateur haute tension est, à un moment “T”, parfaitement étanche, est-ce une raison pour faire écouler sur ce dernier un fort flux d’eau susceptible d’arriver lors de fortes précipitations, elle-mêmes renforcées par la déclivité du terrain? Quid si, avec le temps, l’isolation s’use et révèle des points de contact? Dans le cas où un court-circuit se produit, quels sont les dégâts potentiels directs et collatéraux? Que faire des témoignages des habitants : ne pas en tenir compte, alors qu’ils sont en première ligne? Ou bien écouter attentivement leurs questions ou leurs remarques et vérifier, in situ, les débordements du fossé ou les claquements étranges du transformateur lors du dernier aléa météorologique défavorable? Quelles étaient les raisons de ces bruits secs et répétés de l’équipement haute tension entendus par un résident, lors des fortes pluies dans la nuit du 20 au 21 janvier 2021 : des arc électriques, d’autres raisons techniques?
Dans tous les cas, contrib.city se demande si la réponse des techniciens – dévier le fossé – même si elle a été ensuite contredite par la responsable commerciale, ne relève pas tout simplement de la logique. Face à des aléas climatiques, il est nécessaire de construire un équipement public robuste. Mais est-ce une raison pour ensuite soumettre ce dernier à un risque supplémentaire élevé? Comme il s’agit de la sécurité des habitants, et notamment des enfants, il nous semble facile de deviner la réponse.
Photo de couverture (BdF, le 31 janvier 2021, 18h39) : par une simple pluie, le fossé recueille une partie des eaux de ruissellement du coteau et déverse ces dernières directement sur le transformateur (en arrière-plan en haut de l’image) situé en face du 48 route de Bièvres, à Jouy-en-Josas. Le Jovacien qui a alerté contrib.city sur les effets de la tempête, frappant la vallée de la Bièvre dans la nuit du 20 au 21 janvier 2021, n’a pas pu physiquement prendre de photos : les vents étaient d’environ 80 km/h. D’après son témoignage, une lame d’eau de 20 cm de hauteur (celle d’une botte) descendait la route et le fossé débordait complètement, le tout sous de véritables trombes d’eau.
Cher Bertrand,
j’aime parfois me rappeler un argument émis par une connaissance Jésuite:
“Ce n’est pas pour mentir, mais pour m’en tirer”!
Qu’en dites -vous ?
Prithwindra
Cher Prithwindra, cette réponse est effectivement une jolie pirouette! 😀
Une fois de plus personne ne prend ni de décision ni ne donne d explications ils serait temps que nous ayons des réponses a ce problème