Le mystère Aubert – Les ambiguïtés des vœux de l’édile

Samedi dernier, le maire de Jouy-en-Josas, a présenté ses vœux aux Jovaciens, par l’intermédiaire de son premier-adjoint, du fait d’un arrêt médical.

Souhaitons tout d’abord un prompt rétablissement à notre cher édile et remercions-le pour sa prose. Pour résumer, le discours de Mme Aubert portait sur quatre points : le budget, le social, l’environnement et enfin l’attractivité territoriale. A ces quatre points fort intéressants auxquels je porterai des remarques, je rajouterai un autre aspect de ce discours : un thème qui n’a été évoqué ni par l’édile ni par son adjoint mais qui sous-tend l’intégralité de la vie publique à Jouy-en-Josas (et au-delà).  

Gilles Curti a donné beaucoup de détails concrets au sujet des dépenses de la commune : nouveaux logements, nouvelles dépenses sociales vis-à-vis des publics fragiles, comme par exemple, les personnes âgées, mais également vis-à-vis de populations plus éloignées, comme les habitants à Mayotte ou encore au Cambodge. Un moment, je me suis même demandé si le discours avait lieu au Quai d’Orsay ou à Jouy-en-Josas. A ce propos d’ailleurs, notre ancien député et actuel chef de notre diplomatie, Jean-Noël Barrot, présent lui aussi, a rappelé qu’il [rendait] hommage à la liberté d’expression, à la liberté d’opinion qui sont des trésors [qu’il] défendra toujours avec beaucoup d’ardeur[1]64e minute après le début de la cérémonie.. A la bonne heure! Espérons qu’aucun Jovacien ne se fasse plus menacer, par l’édile actuel, de plomb dans la tête, pour avoir simplement dénoncé les mensonges répétés de la part de l’élue. Ces exemples de solidarité tropicale paraissent quand même très éloignés de l’échelle locale de Jouy. Mais ils mettent en exergue un point crucial du budget : beaucoup de dépenses sociales mais quid des recettes? Nous reviendrons un peu plus tard sur cette question.

En ce qui concerne l’environnement, c’est-à-dire, concrètement, la prévention des inondations, le pire a été évité malgré deux pluies importantes en mai et octobre 2024. M. Curti a rappelé l’importance de la naturalisation de la Bièvre : cela consiste à rendre les méandres originels au cours d’eau afin que le lit majeur puisse s’étendre sur des prairies prévues à cet effet et diminue ainsi la pression fluviale en aval. C’est ce que l’on appelle une politique préventive et donc sage : il vaut mieux étaler l’eau que la contenir[2]SALOMON Jean-Noël, L’homme face aux crues et aux inondations , Presses universitaires de Bordeaux, 1997. Mais du coup, une grande question se pose : pourquoi diantre notre maire tient absolument a bétonner le terrain “RFF” qui, justement, est inondable et donc fait partie du lit majeur de la rivière? A quoi cela sert-il de rétablir, à grand frais, les douces courbes de la Bièvre si c’est pour casser cette dynamique, quelques centaines de mètres plus loin, en construisant des immeubles et la voirie qui va avec? 

Au sujet de l’attractivité de Jouy-en-Josas, le projet de l’hôtel à Montcel est sans conteste une réussite. La participation du chef de l’opposition municipale, Jean-Paul Rigal, président de l’école hôtelière Ferrandi et décoré par le propre patron de M. Barrot, pourrait apporter un soutien politique à cet établissement exploité par le groupe états-unien Wyndham[3]Rectificatif apporté le 16 janvier : les propriétaires des murs et du fond s’appellent Acapace et Sofival.. Par contre, le premier-adjoint a passé sous silence le projet de centre de données[4]data center en anglais qui annonçait pourtant un formidable investissement dans les technologies actuelles, notamment à l’heure de la médiatisation de l’intelligence artificielle[5]Le processus d’intelligence artificielle, c’est-à-dire de gestion évolutive des données existe depuis plusieurs décennies mais cela s’appelait la modélisation numérique.. Ce projet, qui consistait notamment à refroidir les ordinateurs par immersion, a disparu corps et bien : le propriétaire envisagerait de créer un espace de travail partagé[6]co-working.

Je passe rapidement sur le projet tinctorial[7]mot savant qui veut dire relatif aux teintes sur l’ancienne propriété Claveau rachetée à prix d’or par la commune : on a vraiment l’impression de marcher sur la tête! Je me souviens d’un documentaire sur la production d’essences de parfum à partir de fleurs : ces dernières poussaient dans des zones rurales. La logique territoriale tend à mettre en périphérie les productions à faible valeur ajoutée, mais forte demandeuses en espaces (les champs floraux), et à installer en centre-ville les activités à forte plus-value mais moins demandeuses en espace (les boutiques de luxe). Ce projet de teintes coûterait une fortune (le prix du foncier urbain, coût de la main d’œuvre) avec un rendement faible. Mais est-ce que l’aménagement de cet espace vert, financé avec de l’argent public, pourrait servir les intérêts de quelques uns? En 2021 déjà, Contrib’City s’était penché sur la question

Enfin, last but not least, une question me taraude : celle de la confiance. Comment cela, la confiance, me direz-vous? Oui, la confiance! En effet, comment faire confiance à un premier-adjoint qui a hébergé son édile, pendant des années, à un tarif inférieur à 50% du marché, dans une villa luxueuse? Comment faire confiance à un binôme lorsque l’on peut se demander : est-ce que Marie-Hélène Aubert a promu Gilles Curti Premier-adjoint parce que ce dernier l’avait hébergée à un tarif défiant toute concurrence ou bien du fait de ses compétences dans un domaine particulier? 

L’ironie suprême du discours du maire, et relayé par Gilles Curti, se situe dans cet extrait : L’honneur d’une société [se mesure] à la façon dont elle prend soin des plus fragiles. Lorsque l’on sait que, d’après le propriétaire de la parcelle concernée, c’est la mairie de Jouy-en-Josas qui s’était occupée du goudronnage de l’entrée de la magnifique propriété privée du Premier-adjoint, quand on sait que notre chère édile, millionnaire, pour un voyage à vocation humanitaire en Afrique, n’a pas hésité, avec l’argent du contribuable bien sûr, à voyager en classe Premium, lorsque l’on sait que la loi pénale sur la transparence de la vie publique est très claire sur les obligations des élus locaux mais que cela n’empêche pas Marie-Hélène Aubert de signer, sur l’honneur, et ce depuis bientôt dix ans, de fausses déclarations à la HATVP, l’utilisation du mot honneur dans leur bouche a comme un drôle de relent. Peut-être devraient-il moins l’utiliser et le pratiquer davantage, ne serait-ce que pour la sauvegarde de notre démocratie locale?

 

Au vu des différents évènements locaux, j’ai voulu me renseigner sur la définition du mot honneur. J’ai trouvé plusieurs significations mais j’en retiens une : un homme d’honneur est une personne digne de confiance, estimable. Mais que se passe-t-il quand cette confiance est trahie par le mensonge?

(Photo de couverture : Gilles Curti, Premier-adjoint au maire de Jouy-en-Josas, lisant les vœux de Marie-Hélène Aubert aux Jovaciens. Sources : Facebook, le 11 janvier 2025).

 

 

 

 

Références[+]

2 réflexions sur “Le mystère Aubert – Les ambiguïtés des vœux de l’édile

  • 15 janvier 2025 à 17 h 49 min
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    Merci pour cet article complet sur cette réunion qui a été maintenue malgré les problèmes financiers de la commune. On en a marre de tous ces mensonges, de ces tromperies, la vérité n’est pas de mise en politique !

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    • 15 janvier 2025 à 18 h 48 min
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      Si, Madame, la vérité est de mise en politique! Le problème vient du fait que certains politiciens préfèrent leur carrière, et donc leurs intérêts privés, à la transparence due aux citoyens et au respect des règles relatives aux dépenses publiques.
      Mais à long terme, ces politiciens se retrouvent toujours face à leurs actes et à leurs responsabilités.
      Les citoyens, lors de cette période de transition sociétale, doivent être particulièrement vigilants avec leurs chefs, surtout si ces derniers ont triché, comme par exemple avec la HATVP, lors des élections.

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