Le dilemme de la Poste à Jouy-en-Josas

La fermeture annoncée du bureau de poste, par les facteurs jovaciens eux-mêmes, ainsi que celle de la Banque Postale, soulèvent de nombreuses réactions sur les réseaux et dans la rue. Derrière tout cela, se cachent la grande question de l’attractivité de la ville et, subsidiairement, plusieurs interrogations quant aux solutions pour développer cette attractivité.

Quels sont les faits ? Le Groupe La Poste prévoit de fermer son agence à Jouy-en-Josas cette année. Selon la mairie jovacienne, c’est le groupe lui-même qui a pris cette décision et se justifie par une baisse de la fréquentation : -45% de fréquentation depuis 2019 (cf : compte Facebook de Jouyen-Josas, le 4 février 2025). L’opposition, au contraire, affirme que c’est la municipalité qui a laissé pourrir la situation : OUI grâce à la mairie la Poste va fermer ET OUI la mairie n’a à aucun moment agit pour garder la Poste. Le groupe postal prévoit également de se séparer des murs : ces derniers se verraient alors occupés, toujours selon la ville, par l’Espace Jeunes et les activités qui y sont liées ou bien par de nouvelles activités sans précision aucune quant à ces dernières : d’autres services municipaux ? Des commerces ou différentes structures commerciales ?

La question de l’attractivité de Jouy-en-Josas refait donc surface. D’un côté, une activité commerciale, liée à un service public, disparaît pour être remplacée par quoi ? Un ersatz de service de messagerie par des commerçant quelque fois débordés et déçus par la faible rémunération de ce service ?

De mon point de vue, le départ programmé de la Poste souligne un problème structurel de l’attractivité de Jouy-en-Josas (un problème que l’on retrouve également à l’échelle nationale). Cet abandon est à mettre en parallèle de celui du Data Center qui devait voir le jour près du Petit Robinson. Pourtant, la gestion des données est bien une activité tournée vers le futur et correspond bien au souhait exprimé par notre édile de préparer l’avenir !

La municipalité évoque l’installation de logements supplémentaires, dont 30 % sociaux, en lieu et place du bâtiment postal, dans une ville qui compte déjà 41 % d’HLM[1]En comptant les logements estudiantins HEC. Nous aurions donc une activité commerciale qui serait remplacée par un coût. En effet, et même si cela est politiquement sensible de rappeler ce point, l’émergence de nouveaux logements, notamment sociaux, engendre des dépenses publiques supplémentaires : crèches, école primaires, suivi social… Pour compenser ces coûts, des commerces, des bureaux privés, des banques, des restaurants, des hôtels, bref des activités marchandes générant des flux financiers doivent se créer, sous peine d’entraîner l’ensemble de la commune dans une spirale déficitaire, à moins de faire exploser les impôts locaux et donc de pénaliser les classes moyennes. En effet, ces dernières gagnent trop pour percevoir nombre d’aides sociales mais suffisamment pour avoir dû payer les fortes augmentations des taxes locales de ces dernières années à Jouy-en-Josas.

Enfin, la volonté municipale de construire encore des logements en lieu et place de l’activité postale et bancaire me rappelle une erreur bien classique en matière d’urbanisme : ce ne sont pas les autorités qui font la ville. Ce sont les personnes qui souhaitent venir s’installer à un endroit, librement, attirées par un bassin d’emplois ou, dans le cas de Jouy-en-Josas, par la qualité – pour combien de temps encore ? – de son cadre de vie. Les élus locaux ne font qu’accompagner ces mouvements démographiques, ils ne les provoquent pas. En son temps, le baron Haussmann n’avait fait que gérer la forte croissance de Paris qui s’était développée sous l’impulsion de la machine à vapeur.

Si nous voulons que Jouy-en-Josas se développe d’une façon pérenne dans l’avenir, nous devons favoriser les activités économiques qui pourront financer la vie locale. Il est fondamental que la croissance, et les plus-values fiscales qui en découleront, se fassent en harmonie avec ce bel écrin de verdure que nous offre la vallée de la Bièvre. Un écrin que des Jovaciens tels que Philippe Oberkampf, Victor Hugo et Juliette Drouet, Albert Calmette, Léon et Jeanne Blum, puis Louis Joxe, ont apprécié. La création de l’hôtel du Montcel est une excellente initiative privée et commerciale : raison de plus pour continuer cette dynamique économique qui participe au prestige de notre commune.

 

(photo de couverture : le bureau de la Poste et de la Banque Postale à Jouy-en-Josas. Quartier de la gare. Source : Groupe La Poste).

Références[+]

2 réflexions sur “Le dilemme de la Poste à Jouy-en-Josas

  • 8 février 2025 à 9 h 40 min
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    Merci pour cet article factuel
    Nous sommes venus habiter à Jouy en Josas pour le cadre, l’esprit village et non pour une ville dortoire

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    • 10 février 2025 à 15 h 07 min
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      Merci pour votre commentaire! Le cadre de vie représente un des principaux atouts de l’esprit village de Jouy-en-Josas. La Poste et sa Banque postale participent à cette dynamique.

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