Le Concerto en Sol du Francilien Maurice Ravel
Composé entre 1929 et 1931 par Maurice Ravel (1875-1937), le Concerto en Sol est un chef d’oeuvre pianistique et orchestral écrit dans “l’esprit de Mozart et de Saint-Saëns”, selon les mots du compositeur, avec des références au jazz (rencontre avec Gershwin) et à l’Espagne par certaines couleurs harmoniques par ailleurs.
Le Concerto étant un genre dépassé depuis celui pour piano de Saint Saëns (1896), Ravel fut le premier compositeur français à le remettre au goût du jour. L’idée d’en écrire un lui vint à la suite de plusieurs projets : une rhapsodie basque en 1913 puis une fantaisie pour piano et orchestre lors de sa tournée américaine en 1928. Mais il abandonna à chaque tentative.
Il s’agit finalement d’une commande du chef Serge Koussevitzky pour fêter les 50 ans de l’orchestre symphonique de Boston que Ravel entreprit la création de ce Concerto en même temps que celui pour la Main Gauche.
En premier temps appelé “Divertissement”, le choix de l’appeler Concerto fut choisi du fait du caractère de l’œuvre. La forme est “classique” en trois mouvements: Allegramente, Adagio Assai et Presto avec une musique ” légère et brillante ” ne visant pas à créer “d’effets dramatiques”.
Le premier mouvement est un allegro classique avec de formidables thèmes tels que celui de l’introduction avec cet accompagnement en arpège (comme une harpe) en double tonalité (Sol Majeur sur du Fa#Majeur) du piano sur un thème au picollo avec ensuite ces glissandos au piano pour ré-exposer le thème principal à la trompette. On note aussi cette cadence à la harpe en plein milieu du mouvement ainsi que celle du piano à la fin en arpège à la main gauche et en trille à la main droite pour la mélodie.
Le second mouvement a été écrit en Mi Majeur/Mineur avec l’aide du Larghetto du Quintette avec Clarinette de Mozart “deux mesures par deux mesures” qui développe une longue phrase musicale simple pour finir en duo avec un cor anglais. Ce mouvement aura demandé un travail de Titan pour le compositeur : “Qui coule, criait-il, mais je l’ai faite mesure par mesure et j’ai failli en crever”.
Le troisième mouvement est un rondeau , avec une entrée explosive avec ces quatre accords: sol,sol, mi,sol. L’introduction du piano, en torrent de doubles croches alternées main gauche main droite, s’agrémente d’un solo de clarinette mi bémol puis par un solo de piccolo pour continuer dans un folklore ininterrompu, avant de conclure le final avec les quatre premiers accords.
Etant reconnu comme l’un des plus grands orchestrateurs, le timbre est une caractéristique importante de la musique ravélienne. Dans cette œuvre, on remarque de nouveaux emplois d’instruments tels que les glissandis des trombones ainsi que des solos de bassons qui vont à cent à l’heure, l’utilisation de claps de “fouet” mais aussi l’intervention du trille au triangle.
Ne pouvant pas exécuter son concerto par lui même faute de moyens techniques et malgré une pratique des études de Lizst et de Chopin, le Concerto fut dédicacé à la pianiste Marguerite Long qui assura la première à la salle Pleyel en janvier 1932 sous la direction de Ravel.
Une interprétation de ce concerto par le légendaire pianiste Arturo Benedetti Michelangeli