Les barrages comme solution infaillible à deux problèmes urbains : la pollution des rivières et les inondations
Par le Prof. émérite Devendra Swaroop BHARGAVA, anciennement à l’IIT de Kanpur et de Roorkee, ainsi qu’à l’AIT de Bangkok.
Les problèmes
Les fleuves le long des villes soutiennent de nombreuses activités humaines qui polluent ces cours d’eau. La pollution des rivières et le développement humain sont donc symbiotiques. Dans aucune ville du monde, toutes (100%) des eaux usées générées sont ou peuvent être collectées par les égouts. En conséquence, en fonction de la gestion de la ville, une partie des eaux usées générées pénètre directement dans la rivière. En Inde, plus de 50% des eaux usées générées (provenant des diverses activités humaines) pénètrent directement dans le fleuve tandis que dans de nombreux pays plus développés, ce chiffre tombe à environ 15% à 30%, ce qui est également suffisamment important pour maintenir le fleuve pollué. En plus de cela, l’impact en Inde est plus grave étant donné que la plupart des rivières indiennes sont principalement utilisées pour divers rites religieux tels que l’Aachman, l’inhalation directe des eaux du fleuve saint pour assurer le salut. En effet, l’Aachman nécessite une qualité de l’eau de la rivière équivalente à celle de l’eau potable.
Ainsi, regardez l’anomalie, en Inde, la qualité de l’eau des rivières d’une part est bien inférieure, tandis que d’autre part, il y a un besoin d’une bien meilleure qualité de l’eau fluviale par rapport à de nombreux pays développés. Cela nécessite un contrôle sanitaire des rivières plus rigoureux en Inde alors que dans de nombreux pays développés, le contrôle de la qualité des rivières est supérieur aux besoins. Telle est la manifestation du développement.
Les rivières le long des villes causent des difficultés de différentes sortes lorsque les rivières sont inondées en raison des pluies excessives pendant la mousson. Les cours d’eau doivent donc être gérés pour empêcher les eaux de crue excessives de pénétrer dans la ville.
Les Solutions
Les deux problèmes identifiés sont la pollution des rivières par les déchets générés par la ville et la perturbation de la ville par les inondations qui se produisent dans les rivières. Et ces deux problèmes peuvent être résolus simultanément et de la manière la plus économique et efficace en créant une barrière élevée entre le fleuve et la ville de telle sorte qu’aucune goutte d’eau usée générée dans la ville ne soit autorisée à pénétrer dans le fleuve d’une part, et même pas un goutte d’eau de crue est autorisée à entrer dans la ville d’autre part.
Un barrage ou un mur de soutènement d’une hauteur et d’une résistance suffisantes peut être conçu et construit le long des deux côtés de la rivière pour s’assurer que même le niveau d’eau le plus élevé de la rivière inondée ne dépasse pas le sommet du barrage ou du mur. Et un tel barrage empêchera automatiquement l’entrée des eaux usées générées dans la ville. Cela résoudra les deux problèmes énoncés.
Les eaux usées générées dans la ville seront collectées par un système d’assainissement bien conçu et transportées jusqu’à 2 ou 3 km en aval de la ville où elles seront soumises à une purification par un traitement primaire ou des traitements primaires, secondaires voire également tertiaires. Ces traitements seront en fonction des fonds disponibles auprès de l’administration municipale.
Les eaux usées traitées riches en fumier peuvent être fournies (voire vendues pour récupérer une partie des coûts de traitement des eaux usées) aux agriculteurs pour une agriculture biologique plus rentable. Les boues générées peuvent être utilisées pour la fabrication de fumier et / ou le remplissage des terres et / ou certaines constructions et / ou pour la production de gaz (par sa digestion anaérobie) pour compléter les besoins énergétiques.
Les effluents d’eaux usées traitées restants peuvent facilement être évacués du côté aval de la rivière pour être auto-purifiés au moment où ils atteignent la ville plus bas. Selon les recherches de l’auteur, le Gange de l’Inde a une capacité d’auto-épuration très élevée qui est 15 à 25 fois plus élevée que la plupart des autres rivières et peut donc entraîner des économies sur les coûts de traitement des eaux usées.
Un cas d’exemple
À Lucknow, la capitale de l’Uttar Pradesh, le plus grand État indien, de tels barrages ont été construits sur la rivière Gomti. Mais certains ingénieurs ont plus tard percé un grand trou sur le côté amont du barrage, uniquement pour pomper les eaux usées brutes de la rivière pour cheminer ces dernières en amont d’un ghat (plate-forme) de bain hindouiste où les hindous prient et pratiquent l’Aachman. Ces ingénieurs ont peut-être non seulement joué avec les sentiments des hindous, la plus grande population de l’Inde, mais ont également manifesté leur incapacité à gérer la qualité des rivières.
De même, en 1985, le gouvernement a lancé un programme pour contrôler la pollution du Gange mais aucune amélioration n’a été constatée dans la qualité de l’eau du fleuve, à cause des «pseudos» qui contrôlaient non seulement le ministère de l’Environnement en Inde et ses prises de décisions, etc., mais appartenaient à la catégorie du garçon insensé qui avait tué la poule aux œufs d’or croyant pouvoir obtenir l’ensemble en une seule journée (en effet, si le Gange est nettoyé, qui empochera des milliards de dollars chaque année pour nettoyer le fleuve ?)
Les sites de barrage peuvent être magnifiquement développés avec une architecture attrayante, des balançoires, des parterres de fleurs, des parasols, des bancs confortables, des chemins d’escalade, des aires de jeux, des marches pour se baigner dans les eaux de la rivière, etc. pour attirer les enfants, les touristes et les citadins en ballade.
Bibliographie
Hindustan Times : 1,35 million de pèlerins se rassemblaient le mercredi 14 avril 2021, à Haridwar, sur la rive du Gange. En cette période, au problème sanitaire de la pollution de l’eau, il faut rajouter celui du virus couronné (Covid 19).
NDTV : Thousands, Many Maskless, Gather For Kumbh Mela Amid India Covid Battle.
Trad. : B. de Foucauld