Ecoute, Bûcheron, arrête un peu ton bras!
(Plainte contre la centralisation française et l’urbanisation francilienne)
Ecoute, Bûcheron, arrête un peu le bras!
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas:
Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force
Des Nymphes qui vivaient dessous la dure écorce?
Sacrilège meurtrier, si on pend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts et de détresses
Mérites-tu, méchant, pour tuer des Déesses?
Forêt, haute maison des oiseaux bocagers,
Plus le cerf solitaire et les chevreuils légers
Ne paîtront sous ton ombre, et ta verte crinière
Plus du soleil d’été ne rompra la lumière,
Plus l’amoureux pasteur sur un tronc adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous percé,
Son mâtin à ses pieds, à son flanc sa houlette,
Ne dira plus l’ardeur de sa belle Janette.
Tout deviendra bruyant, Echo mourra sans haine,
En lieu de tes bois, tu deviendras zone urbaine
Dont lentement se remue la chaleur certaine.
Tu sentiras le goudron, le béton, vilaine!
Tu perdras le silence et haletants d’effroi,
Ni satyres ni Pans ne viendront plus chez toi.
Pierre de Ronsard (arrangement BdF)
Il faut incarner un grain de Ronsard pour ainsi prêter la voix a Ronsard. Félicitations, Bertrand l’arrangeur qui ouvre de nouvelles possibilités de servir de vins nouveaux dans des gobelets d’autrefois.
“Ta carcasse est vieille mais je trouve dans tes salières un piment nouveau” (Baudelaire)
Merci…
C’est magnifique de s’inspirer de Ronsard…Avec la poésie on perçoit d’avantage la réalité de la vie. Je vous souhaite sir d’être écouté…