Louis XIV, le Corona et la BCE (5/7) : l’UE et la décentralisation

Comme je l’avais démontré dans les articles des 10 et 28 avril 2020, les décisions structurelles de gouvernance étaient déjà prises à l’échelle de l’Europe sous Louis XIV, souvent au travers d’un mariage ou d’une guerre. Aujourd’hui, cette échelle continentale est devenue une norme quotidienne : les décisions de la commission européenne ou de la Banque Centrale sont régulièrement relayées par les médias grand-public. Ainsi, par exemple, celle de diminuer les taux d’intérêts après les crises financières de 2008 et 2011, ou bien celle d’injecter 870 milliards d’euros (120 milliards de prêt classique aux Etats plus 750 milliards  de “prêts Pandémie”), dont 40 milliards d’euros à la France[1]France relance qui pourraient bien coûter 60 milliards aux contribuables français[2]Ce “Plan de relance à 100 milliards” revient à continuer à utiliser une planche à billets virtuelle et à augmenter encore une dette française que les débiteurs ne voudront et ne pourront jamais rembourser. A ce sujet, si les pays de l’UE ne tombent pas unanimement d’accord sur les modalités fiscales (taxes Gafam, transactions financières, carbone) pour financer cet emprunt, ces 40 milliards de subventions se transformeront en un trou supplémentaire de 20 milliards dans les caisses publiques françaises […] car [la France] devra rembourser 60 milliards (Hervé Martin, Le Canard Enchaîné du 9 septembre 2020). En effet, la France, considérée comme un pays dépensier, devra payer un taux d’intérêt supérieur à ceux des nations classées comme frugales (Le Parisien du 21 juillet 2020)..

Si une décentralisation vers Lyon (comme suggérée dans ma thèse en 2013) peut apparaître plus comme une boutade, malgré sa réalité passée (Lugdunum, capitale des Gaules, peut-on lire sur un panneau de l’autoroute du sud), car la métropole rhône-alpine n’est pas dotée d’un véritable contre-pouvoir face à Paris, la donne change si l’on se tourne vers le nord, c’est-à-dire Bruxelles. Là, la puissance exécutive, de dimension continentale, peut, et a déjà commencé, avec une accélération pendant cette crise du virus Corona, non seulement à déplacer une partie de ce pouvoir centralisateur de la Région parisienne vers un autre territoire mais également vers une terre extérieure à la France elle-même. Ce déplacement est mû aussi par la force financière et monétaire. Rappelons, de plus, que la capitale belge abrite le siège d’une forte puissance armée : l’OTAN. Cette ville représente donc un pouvoir non pas uniquement politique, mais également monétaire et militaire. Si l’on ajoute à cela le rôle parlementaire (de l’U.E), on comprend pourquoi  cette zone urbaine se développe de plus en plus malgré son climat pluvieux (climat océanique du nord de l’Europe).

Progressivement, la dimension nationale ne correspond plus à celle d’un pays dans le sens où on l’entendait traditionnellement en Europe, mais elle entre de plus en plus profondément dans une sphère continentale, avec le développement de technologies telles que l’aviation grand-public et Internet.   

Bibliographie supplémentaire [3]BÉLY Lucien, La France moderne. 1498-1789, Paris, PUF, 2003 [4]GARNOT Benoît, La population française : aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Ophrys, 2005. [5]LAROUSSE, Guerre de la succession d’Espagne, [Consulté le 08/04/2020], disponible sur : https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/guerre_de_la_Succession_dEspagne/145407 [6]HERODOTE, 1702-1713 – Guerre de la Succession d’Espagne, le 18/12/04. [Consulté le 08/04/2020], disponible sur : https://www.herodote.net/Guerre_de_la_Succession_d_Espagne-synthese-84.php [7]REINHARD Marcel, “La population française au XVIIe siècle” in Population, 1958, p 619-630, [Consulté le 08/04/2020], disponible sur : https://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1958_num_13_4_5734 [8]CARMONA Michel, Haussman, Paris, Fayard, 2000, 647p[9]Le Figaro du 3 septembre 2020

Références[+]

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