Louis XIV, le Corona et la BCE (2/7) : la centralisation française

La Fronde (1648-1653)[1]La Fronde a débuté sous le règne de Louis XIII et a consisté en une confrontation entre le pouvoir royal, pouvoir que le père de Louis XIV a tenté de conforté, et l’influence de la noblesse et du Parlement, dans un contexte difficile: les mauvaises récoltes, notamment à cause du climat froid (Petit âge de glace) et des taxes élevées dues au coût de la guerre contre l’Espagne. cf : LAROUSSE, La Fronde. [Consulté le 17/04/2020], disponible sur : https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/la_Fronde/120453 avait obligé la famille royale à s’enfuir, humiliée, à Saint-Germain-en-Laye, où le futur Roi-Soleil était né dix ans plus tôt, en 1638, après que le royaume eut attendu un dauphin pendant un tiers de siècle[2]Pour la petite histoire, Louis XIII et Anne d’Autriche (née en 1601) se marièrent en 1615. Quand la reine de France, à l’âge de 37 ans, donna enfin naissance à un enfant, le dauphin, cet évènement fut considéré comme une grande joie et un signe d’espoir pour tout le royaume. Cependant, sa mère, Anne d’Autriche, lui [préféra] son frère cadet Philippe, le futur Monsieur; délaissé par elle, [Louis XIV] grandit solitaire et se [renferma] de bonne heure sur lui-même, ce qui contribua peut-être à son inclination au secret et à la dissimulation. Cf : LAROUSSE, Louis XIV. [Consulté le 17/04/2020],  disponible sur : https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Louis_XIV/130427. Après avoir renoncé à son amour de jeunesse avec Marie Mancini, nièce de Mazarin[3]Louis XIV aima passionnément la nièce de Mazarin. La compassion de Marie lors d’une maladie du roi, ainsi que la vivacité et la curiosité intellectuelle et culturelle de la jeune fille, plurent au souverain. Mais ce dernier, conseillé par le ministre lui-même, dut renoncer à cette union. En faisant cela, Louis XIV réalisait son premier acte politique : il épousa l’infante Marie-Thérèse d’Autriche, fille de Philippe IV, roi d’Espagne, en 1660 à Saint-Jean de Luz, à la frontière, afin de prévenir un possible conflit avec l’immense royaume espagnol, conflit qui finalement arriva 27 ans plus tard avec la Guerre de Dévolution. Contrib’City émet une hypothèse : est-ce que le renoncement à cet amour, couplé à l’humiliation de la Fronde durant d’enfance, n’auraient pas poussé le roi à opter pour une politique très dure et à sur-dimensionner son égo, quitte à justifier ce dernier sous l’appellation de droit divin tout en refusant de consacrer son royaume au Dieu duquel il se réclamait?, Louis XIV, aidé de son ministre Colbert, consacra sa vie à renforcer la puissance royale jusqu’à la transformer en pouvoir absolu. Pour ce, il centralisa l’organisation du royaume de France, d’abord depuis Paris (château du Louvre) et après depuis Versailles qui devint cité royale en 1662. A la fin du XVIIe siècle, le royaume de France compte probablement 21,5 millions de sujets : la France est un géant démographique, un Européen sur quatre habite ce pays[4]BERNIER Isabelle, “La France au XVIIIe siècle est un géant démographique”, Futura Sciences, [Consulté le 08/04/2020], disponible sur : https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/histoire-france-xviiie-siecle-geant-demographique-9610/. Vers 1700, […] Paris est alors de loin la première ville de France avec 530.000 habitants, suivie par Lyon (97.000), Marseille (75.000), Rouen (64.000) et Lille (55.000).[5]PHILISTO, Thibault (?), La population française sous l’Ancien Régime, le 16 septembre 2012, [Consulté le 08/04/2020], disponible sur : https://www.philisto.fr/cours-75-population-francaise-sous-l-ancien-regime.html Même si, à cette époque, la société est rurale à plus de 80%, la domination parisienne montre déjà que la centralisation est en cours : la population de Paris est plus que cinq fois supérieure à celle de Lyon, la deuxième ville de France (en 2012, le ratio entre les agglomérations francilienne et lyonnaise, les deux premières de France, était de 1 à 10). 

La centralisation continua à travers la Révolution française, l’Empire napoléonien puis les différentes républiques qui se succédèrent, avec, à l’ère de la révolution industrielle, un renforcement non seulement politique mais également économique de Paris et sa région. Cette centralisation permit d’unifier le territoire national, en mettant des règles communes, comme par exemple l’imposition d’une langue unique au début du XXe siècle (mais avec tous les traumatismes culturels et psychologiques que cela entraîna, notamment pour les enfants à qui l’on interdisait de parler leur langue régionale maternelle à l’école). Cette unification permit de rassembler les forces vives de la Nation, de créer des économies d’échelle de dimension nationale et locale, et renforça la puissance de la capitale. Elle contribua, à partir de la Région parisienne, à l’influence de la France de par le monde, notamment en Amérique du nord, aux Antilles et en Inde.

A la fin du XXe siècle, la France est devenue un pays hyper-centralisé, concentrant 20% de la population et 25% de son PIB (30% du PIB en 2019) dans sa région capitale. Le PIB francilien, 669 millards d’euros en 2017[6]REPUBLIQUE FRANCAISE, L’Etat en région, le 30 avril 2018. [Consulté le 15/04/2020], disponible sur : https://www.prefectures-regions.gouv.fr/Le-savez-vous/Votre-region-en-chiffres devient comparable à celui d’un pays puisqu’il avoisine celui des Pays-Bas, c’est-à-dire 737 milliards d’euros[7]STATISTA, Gross domestic product (GDP) of the Netherlands from 2007 to 2017 (in billion euros), [Consulté le 15/04/2020], disponible sur : https://www.statista.com/statistics/529063/the-netherlands-gdp/.

Cependant, la centralisation parisienne puis francilienne conduisit également à un renforcement des vulnérabilités dans les domaines sanitaire et socio-économique.

Bibliographie supplémentaire[8]AUTOGRAPHES DES SIECLES, Mazarin Jules – les amours de sa nièce et de Louis XIV, [Consulté le 15/04/2020], disponible sur : https://www.autographes-des-siecles.com/produit/mazarin-jules-les-amours-de-sa-niece-et-de-louis-xiv/ [9]BÉLY Lucien, La France moderne. 1498-1789, Paris, PUF, 2003 [10]GARNOT Benoît, La population française : aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Ophrys, 2005. [11]LAROUSSE, Guerre de la succession d’Espagne, [Consulté le 08/04/2020], disponible sur : https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/guerre_de_la_Succession_dEspagne/145407 [12]HERODOTE, 1702-1713 – Guerre de la Succession d’Espagne, le 18/12/04. [Consulté le 08/04/2020], disponible sur : https://www.herodote.net/Guerre_de_la_Succession_d_Espagne-synthese-84.php [13]REINHARD Marcel, “La population française au XVIIe siècle” in Population, 1958, p 619-630, [Consulté le 08/04/2020], disponible sur : https://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1958_num_13_4_5734

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Références[+]

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