Jouy-en-Josas – Passage de Tziganes pentecôtistes : une occasion de rencontre manquée
Faisant suite au passage d’un groupe de familles évangéliques et d’un message d’un élu local jovacien sur un réseau social, je reprends les mots de ce dernier.
Je suis troublé par tous ces commentaires sur le départ de cette communauté Française Chrétienne Pentecôtiste qui s’était installée à la Cour Roland de notre commune. Un pasteur (David Veils) invitait tous les riverains à célébrer la veillée de pentecôte, hier [lundi 24 mai]. Mais la communauté tsigane a pris la décision de quitter les lieux, sous les pressions. Une occasion probablement perdue de rencontrer d’autres familles, vivant différemment de nous, ayant une vision différente des territoires. Ces différences donnaient la possibilité de s’enrichir mutuellement, dans un esprit fraternel. Ils avaient prévu de lever le camp ce matin [mardi 25 mai].
Pour info concernant cette communauté tsigane : Historiquement, le pentecôtisme tsigane est né d’une rencontre entre un pasteur d’origine bretonne (Clément le Cossec) et quelques groupes manouches sortis de camps de concentration après la guerre.
Ce groupe de familles était arrivé, sans autorisation, en fin de semaine dernière et s’apprêtait à célébrer les fêtes de la Pentecôte, notamment dans le cadre de veillées ouvertes à tout un chacun. A titre de rappel, selon la foi chrétienne, la Pentecôte, toujours comptée comme jour férié, non pas légalement mais selon les us et coutumes françaises, célèbre la venue de l’Esprit-Saint, c’est-à-dire, théologiquement parlant, l’Amour entre Dieu le Père et Jésus-Christ, son fils. Que l’on soit croyant ou pas, il s’agit quand même, culturellement parlant, d’un jour de fête, de joie et de fraternité.
Les représentations entre groupes nomades et sédentaires comprennent un ensemble de visions à la fois de crainte mais aussi de rêves et d’évasion. L’on retrouve ces deux aspects dans les réseaux sociaux et dans les œuvres culturelles. Plus précisément, l’arrivée et le départ forcé des Tsiganes à Jouy-en-Josas a donné lieu à de nombreuses réactions négatives, alors que, à ma connaissance, très peu de personnes, à part quelques autorité locales, se sont physiquement déplacées pour rencontrer, sur le terrain, ces familles. Que ce soit dans la littérature, avec Les Saltimbanques d’Apollinaire ou Sans famille d’Hector Malot, dans la chanson avec Les bergers de Jacques Brel, ou la cinématographie avec La trace de Bernard Favre (avec Richard Berry), ou encore dans la Bande dessinée avec les Bijoux de la Castafiore d’Hergé, ces évocations émouvantes nous rappellent que, depuis la préhistoire, des êtres humains se déplacent.
La mairie de Jouy-en-Josas a mis à disposition un système de distribution d’eau potable, à partir des pompes anti-incendie, ainsi qu’un autre pour l’électricité, permettant aux familles de bénéficier du minimum nécessaire. Mais il est dommage que cette communauté a été obligée de partir précipitamment.
Nous avons perdu l’occasion de rencontrer des personnes vivant d’une manière différente. Nous aurions pu partager ensemble nos expériences et nos manières d’aborder les territoires. Nous avons aussi oublié que nous sommes également de passage sur cette Terre, comme un vaste troupeau humain en transhumance.
(Photo de couverture : trois membres du groupe tzigane français, sur le complexe sportif de la Cour Roland, à Jouy-en-Josas. A gauche, on remarque une affiche pour les services d’un entrepreneur, comme le font plusieurs familles. D’autres d’entre elles travaillent sur les marchés. BdF, dimanche 23 mai 2021.)
Paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté !
Let it be!
Merci pour l’information. Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Puisque visiblement il s’agissait d’un rassemblement de prières dans la plus grande tradition des veillées chrétiennes. Pourquoi ne pas avoir dialogué avec les autorités et pourquoi être rentré par effraction. Pourquoi ne pas avoir alerté les responsables des communautés chrétiennes de Jouy, Vélizy et d’ailleurs. Sincèrement, je trouve que la situation est choquante tant du point de vue d’une occupation illégale avec effraction que de la pression politique et policière à expulser une communauté de pantecotistes ne séjournant que quelques jours. Du coup, j’ai le sentiment que tout n’est pas dit.
Merci pour votre commentaire. Peut-être aurions-nous pu laisser plus de place à l’inattendu? De même que les “traditions” chrétiennes révolutionnèrent leur époque et ensuite influencèrent – et influencent toujours – toute l’organisation de nos sociétés, notamment du point de vue constitutionnel et juridique. Ce qui n’était pas prévu peut devenir source d’enrichissement, tant sur le plan culturel que scientifique. L’inattendu nous pousse certes en-dehors de notre confort matériel et intellectuel à court terme, mais nous entraîne à élargir notre vision. “To think out of the box”, disent les Américains qui, en matière d’innovation, restent quand même assez bons, n’est-ce pas?