Elections départementales yvelinoises : désamour entre électeurs et politiciens
Quelque fois, la pertinence d’un article peut s’étendre au-delà de sa période de parution. Le 15 janvier dernier, quand j’avais écrit cet article, je ne savais pas encore comment ce texte s’inscrirait dans l’actualité future. Au vu des résultats du premier tour, avec le binôme Aubert/Lebrun majoritaire qui obtient plus de 52% des voix dans son canton (Versailles-2) mais avec un taux d’abstention de plus de 60% des électeurs, la publication du 15 janvier prend encore plus de sens et une question se pose : est-ce que les Yvelinois sont d’accord avec O. Lebrun et MH Aubert lorsque ceux-ci écrivent, en gras, que le Département est bien le partenaire incontournable? Surtout lorsqu’à l’échelle du-dit département, plus des deux-tiers des électeurs ont montré leur désintérêt pour ces élections en ne se déplaçant pas, sans oublier les votes blancs et nuls[1]plus de 3% des suffrages exprimés. A noter qu’à Mantes-la-Jolie, le fief de M. Bédier, Président départemental duquel dépend Mme Aubert, le taux d’abstention atteint 72,48%! Presque les trois quarts des citoyens inscrits. Passons sur les 74,75% de taux d’abstention des Mureaux qui tendrait à prouver que, pour les territoires prospères comme pour ceux en difficulté économique, l’intérêt pour ces élections départementales est vraiment faible. Alors, au vu de ces chiffres, si l’échelle du département est indispensable, pour qui l’est-elle véritablement : pour les électeurs ou pour les politiciens de carrière?
Mais revenons au canton de Versailles-2, un des cantons les plus riches des Yvelines, elle-même département parmi les plus aisés de France du fait qu’une bonne partie de la bourgeoisie francilienne y est installée. Donc un territoire qui est naturellement porté à voter à droite. Pour être élu, il faut surtout appartenir au clan qui gère cette droite. Apparemment, les électeurs de Versailles-2, comme l’ensemble des Yvelinois, ont l’air moyennement intéressé par ces calculs politiques et semblent conforter l’analyse de contrib.city sur le fait que ce découpage territorial par département est complètement anachronique…et cher : 12,8 milliards d’euros par an, rien qu’en dépenses de personnel, pour le Conseil départemental.
Ensuite, peut-on faire confiance à tous nos élus départementaux? Il s’avère que certains ont des pratiques étonnantes : comme on peut le lire dans l’article de contrib.city du 15 janvier dernier (déjà cité plus haut), Mme Aubert [déclarait à cette date] à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie publique (HATVP) 484€ nets mensuels en contrepartie des trois mandats qu’elle [occupait] (Maire, Vice-Présidente du Département, Vice Présidente de Versailles Grand Parc). Son binôme au conseil départemental, Olivier Lebrun, occupe quasiment les mêmes fonctions que cette dernière, à savoir Maire de Viroflay, Vice-Président de la communauté d’agglomération Versailles Grand Parc et Vice-Président du département des Yvelines. Il [déclarait] par contre 7865€ brut par mois de revenus publics auprès de la HATVP : cette différence est étrange, n’est-ce pas? Quelle déclaration correspondait à la réalité, au regard des deux carrières politiques comparables en terme de responsabilités territoriales? Qui faut-il croire : Mme Aubert, qui a changé à nouveau sa déclaration de telle sorte que son dossier public HATVP comporte la mention déclaration déposée – Publication à venir, et ce malgré le fait que son poste comme conseillère départementale ait commencé en 2011 et donc qu’elle avait quand même un peu de temps pour mettre à jour cette déclaration? Ou bien faut-il plutôt opter pour la déclaration de M. Lebrun, expert comptable, et qui déclare près de 8000 € bruts? A titre de rappel, la déclaration à la HATVP est gérée par la loi du 11 octobre 2013 relative à la transparence de la vie publique.
Peut-on croire aux promesses de tous les candidats? Peut-on croire dans les déclarations politiques de Mme Aubert lorsqu’en mars 2020, elle écrivait, lors de sa campagne municipale : La fonction de maire n’est pas un métier, c’est un service, qui exige un engagement plein et entier, sur le terrain […]. Contrib.city avait répondu en posant la question, via son site, à la maire-adjointe (devenue maire ensuite), Première vice-présidente de l’agglomération Versailles Grand-parc et enfin vice-présidente des Yvelines : comment faire pour accomplir trois tâches dont chacune exige un dévouement entier : rajouter du plein au plein? Autre anomalie, à Mantes-la-Jolie cette fois-ci : le Courrier de Mantes, aujourd’hui, titre : L’électeur mantevillois démarché par téléphone – Une cellule d’appels a fonctionné le jour du scrutin. Même chose lors des élections municipales l’année dernière. Or ceci est interdit selon l’article 49 du code électoral. Sans oublier le problème du clientélisme dans les Yvelines, selon le Monde diplomatique de février 2017 : Les recettes du système Bédier – Dans les Yvelines, le clientélisme au quotidien. Des habitants montent également au créneau, via, par exemple, l’association Gargenville-Seine-Vexin.
Face à toutes ces pratiques et face à une situation socio-économique de plus en plus dure, est-il vraiment étonnant du désamour des électeurs pour les candidats locaux? La situation peut même devenir étrange quand, dans le cadre d’un mélange des élections départementales et régionales, une candidate aux régionales comme Valérie Pécresse, qui pourtant prône l’intransigeance sur les valeurs de la République, apporte officiellement son soutien plein et entier à Mme Aubert. Cette dernière, pourtant, avait bénéficié de largesses de la part du premier-adjoint de sa commune. Surpris, contrib.city avait écrit à Mme Pécresse pour avoir son point de vue, notamment de savoir si, à la lumière des différents faits relatifs à Mme Aubert, la Présidente de la Région Ile-de-France allait réviser son soutien. Que nenni! Mme Pécresse, qui a bien lu le courriel de CC daté du 8 juin 2021, n’a pas contredit ce soutien. Deux collaboratrices très proches de Mme Pécresse, dont sa cheffe de cabinet, a confirmé le 18 juin pour l’une, et pas infirmé le 23 juin pour l’autre, par téléphone et dans le cadre de l’enquête journalistique de CC, le soutien de la patronne régionale pour la vice-présidente des Yvelines, Mme Marie-Hélène Aubert. Dont acte.
(Photo de couverture : affiche de propagande pour Olivier Lebrun et Marie-Hélène Aubert. Source : Ensemble pour les Yvelines (EPY) ).
Références
Bon Pécresse qui soutient Aubert et de facto Bédier. Une régionale qui soutient une départementale. On fait quoi quand on est pour Pécresse et contre Bédier ?
La majorité des électeurs, peu intéressés par ces jeux politiques plus ou moins en biaisés, votent en restant chez eux. Les abstentionnistes, en quelque sorte, ont gagné les élections. Mais contrib.city encourage chaque inscrit à faire son devoir de citoyen et à voter en son âme et conscience.