Qui est prêt à mourir pour l’Ukraine? (1/2)

Maintenant que l’homme fort du Kremlin est passé dans la phase suivante de son plan, l’invasion de l’Est de l’Ukraine, il est temps de penser à trois dates – 1931, 1938 et 1962 – qui vont nous aider à comprendre ce qui se passe en Europe de l’est. Chacune de ces dates marquent un évènement militaire lancé par un régime autoritaire.

Le 18 septembre 1931, l’armée de l’Empire du Japon fait sauter la voie d’une ligne de chemin de fer japonaise près de la ville de Mukden (aujourd’hui Shenyang), dans le sud de la Mandchourie, une région chinoise. Les militaires nippons utilisent leur propre sabotage pour envahir la région. Hergé parlera de cet incident dans son album le Lotus Bleu (1934) avec son fameux reporter Tintin dénonçant les manœuvres colonialistes de l’Empire du soleil levant. 

Entre le 1er septembre et le 28 octobre 1938 eut lieu le dénouement de la crise des Sudètes : après la conférence de Munich, le Royaume-Uni et la France, encore traumatisés par la boucherie de la Ière Guerre Mondiale, n’avaient aucune envie de revivre cela. Ils laissent donc Hitler envahir cette région de la Tchéquie, qui comprend une minorité germanophone (30%), malgré un traité d’alliance entre la Tchécoslovaquie et la France (1925) et un pacte d’assistance mutuelle entre Prague, Moscou et Paris (1935).

Enfin, il faut garder en mémoire l’année 1962 durant laquelle la Guerre Froide entre l’URSS et les USA atteignit son paroxysme, avec une confrontation directe entre leurs forces navales et aériennes, chacune dotée de l’arme nucléaire. La IIIe guerre mondiale ne fut évitée que de très peu.

Une discussion avec un ami français, grand-père de son état, peut donner des éléments de compréhension très clairs sur la situation actuelle en Europe orientale. A ma question de savoir, s’il était prêt à encourager son fils à partir et mourir pour l’Ukraine, sa réponse fut non. Puis à la suivante, c’est-à-dire si lui-même était prêt à se battre, aux côtés de son fils, pour défendre sa famille, sa réponse fut oui.  Ce dialogue, de mon point de vue, vaut toutes les analyses géo-stratégiques. Quel pays européen est prêt à partir en guerre contre la Russie? Est-ce que M. Biden est prêt à sacrifier les 10.000 soldats américains et OTAN répartis sur la partie orientale de l’Europe, face aux 190.000 (para)militaires présents autour et dans l’Ukraine?

Alors, bien sûr, les Européens vont faire de grands discours dénonçant les manœuvres du Kremlin. Bien sûr, les occidentaux parleront de sanctions économiques et notamment du retrait de la Russie du système de paiement international SWIFT. Encore faut-il que les électeurs états-uniens ou européens ne soient pas trop impactés non plus par les conséquences indirectes de ces rétorsions économiques : nous voulons bien lutter contre un régime autoritaire mais à condition que cela ne nous coûte pas trop cher. D’autant plus que l’on peut compter sur le chef de la Russie, probablement multi-milliardaire selon l’ancien député Boris Nemtsov et selon Bill Browder, PDG de la société de gestion d’actifs Hermitage Capital Management (2018), pour contourner ces interdictions financières occidentales. 

La paix sera donc probablement obtenue. Mais quid du moyen terme? Quels sont les risques? Nous en parlerons en fin de semaine.

 

(Photo de couverture : le drapeau ukrainien. Source : Pixabay.)

 

 

 

 

 

 

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