À Lourdes pas de miracle mais la débâcle

Un jour, il aura fallu un jour pour que l’actuel président français Emmanuel Macron massacre deux principes qui étaient auparavant et de longue date ancrés dans les valeurs de la République.

Il faut dire que, depuis l’arrivée au pouvoir de LREM, c’est avec rareté que se comptent les semaines n’étant pas marquées par le sceau de l’indignité ou d’une incarnation irréelle du pouvoir. Pourtant, ces dernières 48 heures, Macron a tenté une roue libre qui a pu montrer qu’effectivement il restait après quatre ans de sape de la fonction présidentielle, encore quelque chose à ridiculiser chez lui et ce qu’il représente.

C’est la première fois qu’un président en exercice se rendait à un tel lieu de symbole religieux depuis 80 ans. Autrement dit, c’est la première fois depuis la guerre qu’un président est aussi étranger à l’idée de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905.

Même la date du 16 juillet n’était pas laissée au hasard, afin de pouvoir sortir vainqueur de ce meeting politique déguisé. En effet, le 16 juillet 1858 représente la dernière apparition de la vierge Marie à Lourdes.

En pèlerinage électoral ou quelque chose qui s’y apparente, Macron pensait donc peut-être voir le miracle.

C’est la débâcle qu’il aura trouvé. En consonance avec 1941, date à laquelle fut foulé le sanctuaire pour la dernière fois par… Philippe Pétain.

Ce fut tout autant la débâcle lorsque son service de sécurité s’est violemment jeté sur un citoyen qui trouvait scandaleux qu’un président se rende à une telle messe en tant qu’athée proclamé et garant de 1905. Mais la liberté d’expression n’est possible qu’à plus de cinq mètres du président, à l’intérieur de ce cercle il n’y a de place que pour la dévotion et l’admiration, ou la bastonnade.

C’est donc à Lourdes que Macron a appris la mise en examen de son ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti pour “prise illégale d’intérêts”. Macron s’est non seulement attelé à conchier un principe républicain mais également sa propre parole, qui comme il l’admet indirectement ne vaut pas grand chose.

Une vidéo exhumée datant du 3 mars 2017 montrait le candidat Macron face à Pujadas expliquant : “un ministre doit quitter le gouvernement lorsqu’il est mis en examen”. Or, à Lourdes Macron s’est empressé de donner son soutien sans faille au garde des sceaux à la position intenable qui pourrait être une “pièce maîtresse en vue de sa campagne de 2022” (France Info).

Après s’être souillé lui-même, c’est la République qu’il a sali de son ignorance gênante, avec ces mots “la justice est une autorité, pas un pouvoir, je ne laisserai pas la justice devenir un pouvoir”. La bonne vieille diatribe anti-Justice si chère au rassemblement national. Vous étiez prévenu que Macron était en roue libre.

Lorsqu’on voit ce qu’ils apprennent à l’ENA, on se rend compte que sa suppression ne changera finalement pas grand-chose à l’état de notre pays. Un élève de terminale pourrait-il expliquer au président que la Justice est d’une part déjà un pouvoir et d’autre part comment s’appelle un dirigeant qui exprime des propos ouvertement hostiles à la Justice de son pays ?

Cette obsession du pouvoir semble l’entraîner dans des discours et des comportements qui ne sont soumis à aucune loi, aucun contrôle, aucune réflexion et aucun recul politique nécessaires à l’incarnation d’une telle fonction.

Macron semble prêt à tout pour se faire réélire quitte à gouverner comme un saltimbanque. Neuf mois nous séparent du premier tour d’avril 2022.

Pourra-t-il faire sombrer le pays plus bas que le très bas actuel ?

(Photo de couverture : Le Parisien, 16/07/2021)

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