Déficit, dette & Damoclès : le silence abyssal des candidats (2/2)
La semaine dernière, j’avais écrit, au sujet du règlement de la dette, que la boucle devra, de toute façon, être bouclée et ce, d’une façon douloureuse. Pourquoi?
Ce règlement fera mal car si des candidats – kamikazes ou courageux? – se mettaient maintenant à expliquer à un peuple que l’on doit rembourser ses dettes, et que ce peuple est aujourd’hui non seulement habitué à emprunter à un taux très faible mais également, et depuis plus longtemps encore, habitué à reporter cet emprunt sur ses enfants puis sur ses petit-enfants (certains adolescents en 1981 sont aujourd’hui grand-pères), le message risquerait de mal passer. Comment, vont s’écrier les syndicats (moins de 5% des salariés), mais ce n’est pas aux classes populaires de payer, c’est aux capitalistes! Bon… Les classes moyennes alors! Comment, mais nous payons déjà un maximum d’impôts[1]Les structures publiques françaises contrôlent plus de 54% du PIB : le plus haut taux de toute l’Union Européenne. tout en ne pouvant pas bénéficier d’aides publiques parce que nos revenus sont juste au-dessus des plafonds. C’est juste! Les classes dites supérieures, alors!? Ah, non! Vous nous avez déjà assez ponctionnés comme cela! Si vous augmentez les impôts, nous diminuons les investissements et nous licencions du personnel!
Tout le monde veut continuer à rouler en première classe mais personne ne veut redescendre en seconde, voire en troisième classe. Mais quid le jour où les marchés financiers arrêteront la musique? Il est à craindre que les passagers du TGV de la dette française ne deviennent victimes de leur propre crash programmé.
Il est bon et absolument nécessaire que l’Etat hyper-centralisateur et omni-présent de notre pays revienne à ses fondamentaux : qu’il s’occupe des affaires régaliennes (Armée, Sécurité intérieure, justice) mais qu’il n’essaye plus de contrôler des domaines qui ne sont pas de son ressort. Il est également vital que nos élus nationaux nous rappelle que la question n’est pas si une dette doit être remboursée mais bien plutôt qui va la rembourser.
Cet endettement doit nous encourager à veiller à ce que les décisions politiques (acteurs publics) ou économiques (acteurs privés) correspondent aux besoins à court mais aussi à moyen et long terme des électeurs contribuables et des consommateurs, c’est-à-dire nous-mêmes. Par exemple, le besoin de construire un avenir serein pour l’ensemble des citoyens, y compris pour ceux qui ne peuvent pas encore voter mais que nous envoyons derechef au naufrage.
Le Hasard de l’Histoire et de la mythologie apporte une réponse à cette épée de Damoclès qu’est la Dette. Damoclès était un homme politique athénien (IVe siècle av J.-C.) qui prit la défense d’enfants[2]Il défendit les enfants d’un allié politique. Il ne s’agissait donc pas d’un acte purement altruiste, certes, mais la symbolique de la protection de l’enfant était là.. Ce nom représente également un mythe dans lequel l’épée de l’orfèvre Damoclès, soutenue par un seul petit fil, pendait en permanence au-dessus de la tête d’un roi, malgré la puissance de ce dernier. Ce roi c’est nous, Français, car c’est nous, peuple, qui avons le pouvoir. Alors, soit nous utilisons nos moyens financiers, économiques et géographiques, considérables pour un petit pays de 67 millions d’habitants et une superficie terrestre de 672.000 km² (et même 1,1 million de km² si l’on prend en compte le territoire antarctique contesté de la Terre Adélie[3]Ces superficies correspondent au calcul de l’Institut Géographique National), pour nous réformer structurellement et nous libérer de cette épée, soit nous continuons notre fuite dans l’abysse : cette option de la fuite entraînerait la mort de la France, en tout cas telle que nous la connaissons aujourd’hui. Cette dernière risquerait de devenir une simple zone économique d’une entité de dimension continentale où la langue française, et la culture qui lui est liée, appartiendraient au passé.
C’est à nous, aujourd’hui, de dire aux candidats aux élections présidentielles de 2022, ce que nous souhaitons comme avenir pour nous-mêmes et nos enfants : le développement économique et social d’une zone potentiellement très riche – par exemple, avec presque 11 millions de km², nous possédons le deuxième territoire maritime au monde[4]Ce nombre est obtenu si l’on inclut les extensions du plateau continental aujourd’hui en vigueur, juste après les Etats-Unis d’Amérique – ou bien la descente aux enfers. Espérons que, collectivement, nous choisirons la première option, dans le cadre de l’Union Européenne qui, malgré sa bureaucratie, apporte à la fois la paix (au sens militaire du terme) et une dimension continentale supplémentaire à la France.
Références