Pour une fin de l’anachronisme parisien

L’article du Parisien daté d’aujourd’hui m’a fait réagir et définitivement plaider pour que la capitale française se modernise enfin, administrativement parlant, après quasiment un siècle de retard. Le journal affirme que la densité démographique de Paris est supérieure à celles de New York et de New Delhi. Est-ce par provocation ou pour une autre raison? Toujours est-il que le quotidien compare, en fait, des choux et des carottes. Comme je l’avais expliqué dans d’autres articles (27 mars et 26 juin 2020), l’entité administrative de la Ville de Paris, dont les limites ont été définies en 1930, n’a pas bougé depuis presque cent ans alors que la population de la région-capitale a tout simplement doublé entre 1931 (6.706.000 de Franciliens) et aujourd’hui (12,4 millions d’habitants).  

Cet anachronisme rend difficile toute forme de comparaison avec d’autres mégalopoles du fait que la réalité géographique la plus proche – ce que l’on appelle la Région parisienne ou ce que l’INSEE appelle l’agglomération parisienne, c’est-à-dire la zone urbaine de l’Ile-de-France – n’a pas d’existence officielle. Le géographe a donc le choix entre la Ville de Paris, l’Ile-de-France ou une sorte de projection comparative, un peu complexe, de l’une de ces entités administratives.

Sauf à écrire un article destiné à la Recherche, je propose donc de parler de l’Ile-de-France qui a un double mérite : d’une part, sa superficie est restée relativement stable entre la fin de l’Ancien Régime et aujourd’hui et, d’autre part, sa taille lui permet d’englober la croissance exponentielle de la population “parisienne” entre le XIXe et la fin du XXe siècle. Mais il faut tenir compte d’une difficulté : la zone construite n’occupe qu’un peu plus d’un quart du territoire francilien, ce qui complexifie également les comparaisons (mais les rend quand même possibles).

L’idéal serait d’avoir une entité administrative qui se baserait sur le territoire construit de l’Ile-de-France avec les ceintures vertes attenantes : elle s’appellerait le Grand Paris (à l’instar du Greater London) ou la Région Parisienne ou tout simplement Paris.

En conclusion, oui, la Ville de Paris est densément peuplée, comme le sont les centre-villes de New-York (Manhattan) et New-Delhi (Old Delhi) et la plupart des mégalopoles, mais pas forcément davantage. Oui, la Ville de Paris est plus densément peuplée que Londres, en calculant une zone de superficie comparable à celle de notre capitale intra-muros, notamment du fait des nombreux immeubles dits Haussmanniens. Mais la banlieue parisienne, dès que l’on a quitte la première couronne, devient beaucoup moins dense. Les banlieues (2e couronne et plus), mêmes avec leurs tours et barres HLM, affichent une densité qui tourne à moins de 10.000 habitants au km², à comparer avec les 20.584 hab/km² des immeubles chics du XVIe arrondissement parisien[1]densité calculée à partir de la superficie du XVIe arrondissement mais en y excluant celle du Bois de Boulogne..

Références[+]

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