Peut-être est-ce le vent du nord qui a chassé les souvenirs de ses obligations en tant qu’élue? Peut-être est-ce le froid du nord qui a perclus de froid la mémoire de certains intérêts qu’elle aurait dû déclarer aux électeurs? Peut-être est-ce tout simplement le noooord, comme disait Michel Galabru dans Bienvenue chez les Ch’tis? Toujours est-il que Mme Marion, dite Marine, le Pen, conseillère départementale du Pas-de-Calais depuis le 1er juillet 2021, et députée depuis le 21 juin 2017, n’a pas déclaré les rémunérations correspondant à ces deux mandats politiques. On a entendu parler de mandats prestigieux, dont celui de Parlementaire, mais comme l’Arlésienne d’Alphonse Daudet, aucune trace de ces rémunérations à la HATVP entre août 2017 et février 2022. Un oubli pendant presque cinq ans, tout de même.
Heureusement, avec l’arrivée des beaux jours sur la charmante Ville de Paris, où se situe un Palais qui ne manque jamais de candidats pour en être locataires, la mémoire est revenue à la cheffe du Rassemblement National : lors de sa déclaration à la HATVP datée du 3 mars 2022, les électeurs peuvent lire que Mme la Députée gagne, à travers ses deux postes publics actuels, plus de 90.000 euros nets par an. Avec le peuple, oui!, mais jusqu’à un certain point. Or, il s’avère donc que Mme Le Pen, qui devrait pourtant être au courant de la loi n°2013-907 du 11 octobre 2013, n’a pas déclaré ces revenus à la Haute autorité pendant plus de trois années (si l’on étudie sa déclaration du 24 octobre 2017), ce qui fait un cumul de plus de 270.000 euros. De la part d’un membre du corps législatif et d’une ancienne avocate, on peut être en droit d’attendre un peu mieux.
Dans sa déclarations de 2022, on découvre également que sa rémunération annuelle comme Présidente du Rassemblement National s’élève à 60.000 euros net, à partir de 2018. Cumulées à ses revenus publics, on obtient quand même un petit salaire de 150.000 € net par an. De quoi voir venir, pour cette représentante du Peuple.
Que Mme Le Pen se rassure : comme Contrib’City l’a montré à plusieurs reprises, cette femme politique est loin d’être la seule dans ce cas, non seulement au sein de l’ensemble des élus français concernés par la Haute autorité, mais au sein même de l’ensemble des candidats au premier tour des élections présidentielles le 10 avril dernier.
Les journalistes Jean-Baptiste Rivoire et Gauthier Mesnier avaient également signalé un élément potentiellement manquant dans la déclaration du Président de la république actuel à la HATVP : d’après eux, le chef de l’État aurait très probablement touché entre 5 et 10 millions d’euros de «bénéfices industriels et commerciaux» via la banque Rothschild, dans le cadre de la vente, en 2012, de la branche nutrition infantile de l’Américain pharmaceutique mondial Pfizer au Géant agro-alimentaire helvétique Nestlé.
Espérons, quelque soit le gagnant des élections, que les promesses électorales se basent sur des éléments solides et factuels et que rien n’a été caché aux électeurs/contribuables, et notamment la dette publique qui s’élève non pas à 2800 milliards d’euros mais à presque trois fois le PIB de la France si l’on prend en compte les engagements de l’État.
Même si elle gagne à être mieux connue et respectée, tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle locale, rappelons que la Haute autorité pour la transparence de la vie publique participe déjà à maintenir la démocratie au sein de notre pays. L’actualité internationale nous montre, hélas, que cette liberté subit de très fortes menaces en Europe et qu’un peuple peut se voir refuser, par les armes et les massacres, la possibilité de disposer de lui-même.
Protégeons notre trésor, durement acquis, et remercions les élus, dont on parle moins, qui respectent les règles du jeu politique.
(Photo de couverture : affiche de Marine Le Pen pour les élections présidentielles de 2022. Source : Rassemblement National.)