Démasquer le nouveau visage de l’Education pendant la pandémie
Par Vidhi Taparia.
Ecrit en Chinois, le mot crise est composé de deux caractères – l’un signifie danger et l’autre opportunité[1]John F. Kennedy, REMARKS OF SENATOR JOHN F. KENNEDY, CONVOCATION OF THE UNITED NEGRO COLLEGE FUND, INDIANAPOLIS, INDIANA (1959), JFK Library <https://www.jfklibrary.org/archives/other-resources/john-f-kennedy-speeches/indianapolis-in-19590412> [accessed 12 May 2021].
Cette citation de John F. Kennedy, en 1959, initia une fausse idée du mot chinois – weiji. Ce dernier veut plutôt dire danger et point de transition[2]Victor H. Mair, How a misunderstanding about Chinese characters has led many astray (2009), Pinyin.info, <http://pinyin.info/chinese/crisis.html> [accessed 12 May 2021]. Or, les années 1960 et 2020 – les temps de crise Cold et COVID furent en effet été des points importants de transition dans l’Histoire.
En créant nous-même un nouveau quotidien, chacun de nos sens de se transforme dans nos vies. Assister à des réunions virtuelles pour toutes sortes de raisons, via des applications qui naissent chaque jour, est devenu une routine. Comme les bureaux et les occasions, les écoles se sont aussi adaptées à la solution du travail à domicile. Cet essai repère les différences entre d’éducation dans le passé et le présent, en regardant aussi les défauts du modèle actuel.
La technologie pour l’apprentissage : Rejeter le traditionalisme pour la transformation
Les restrictions à travers le monde ont entraîné la fermeture des écoles pour 1,2 milliards étudiants[3]Cathy Li and Farah Lalani, The COVID-19 pandemic has changed education forever. This is how (2020), World Economic Forum, <https://www.weforum.org/agenda/2020/04/coronavirus-education-global-covid19-online-digital-learning/> [accessed 15 June 2021] à travers le monde. Elles ont incité les gouvernements et les administrations des écoles à passer à des outils d’apprentissage en ligne. Malgré un investissement dans l’éducation en ligne de 1,7 milliards de dollars dans ce secteur, en 2019[4]Manal Shahid, 15 Largest EdTech Companies in the World (2021), Yahoo! Finance, <https://finance.yahoo.com/news/15-largest-edtech-companies-world-155126885.html?guccounter=1&guce_referrer=aHR0cHM6Ly93d3cuZ29vZ2xlLmNvbS8&guce_referrer_sig=AQAAAAkaXLcIZePRH_tb3IFylOYHWtHoPZgNhTyaQjIz8Wur_NKEUJsCX4gVK_M3kEP9uWr8JQiazfU237SOgg5E-Xn8mZ1QQVJd5I0VhuIdbrSPHETnnsZhRH7xHFBJNvQkONOwLXSNV8aYDRVcy4hhUeXGi_xBKD3uGjVVANFMXoAv> [accessed 15 June 2021], qui suggère que ce secteur était déjà en plein développement avant l’époque du confinement, la pandémie a accéléré ce changement en faveur des portails d’apprentissage en ligne.
L’entrée des capitalistes et des opportunistes en a fait plus une activité lucrative et moins un outil d’émancipation. Sur la liste fantaisiste des licornes, 23 travaillent dans le domaine de la technologie de l’éducation et 10 ont rejoint ce secteur pendant la saison pandémique[5]The Complete List Of Unicorn Companies (2021), CB Insights, <https://www.cbinsights.com/research-unicorn-companies> [accessed 15 June 2021]. Pour eux, la saison s’est avérée plus rentable et donc plus désirable que d’habitude. Les revenus nets de la Stride US qui ont bondi de 170%, en sont un véritable témoignage[6]Stride Inc. Posts Revenue Of $392.1 Million – Career Learning Revenue Grows 191% Year-over-Year (2021), Business Wire, <https://www.businesswire.com/news/home/20210420005974/en/Stride-Inc.-Posts-Revenue-Of-392.1-Million-%E2%80%93-Career-Learning-Revenue-Grows-191-Year-over-Year> [accessed 15 June 2021].
L’intelligence artificielle, la réalité augmentée et la réalité virtuelle ont collaboré avec les écoles. Les laboratoires virtuels pour les expériences à domicile ou les simulateurs pour les visites récréatives et éducatives ont tenté de brouiller les frontières entre les classes virtuelles et physiques. Les innovations ont peut-être amélioré la facilité d’enseignement et ses méthodes, mais sa qualité est très discutable.
Pour les enfants du primaire, les murs de la classe ont été remplacés par des arrière-plans virtuels, mais par quoi l’affection de l’enseignant transmise par de petits gestes d’encouragement a-t-elle été remplacée? Pour les élèves du primaire, l’enseignement en classe comprenait également des actes de récompense complétés par des peines équivalentes. Cela les informait de leurs erreurs et assouplissait leur personnalité inflexible. Maintenant qu’ils savaient que les enseignants n’étaient pas en mesure de les punir, modeler leurs attitudes était devenu plus difficile. Cela est évident dans la diminution de la fréquentation des cours en ligne, même d’étudiants issus de familles aisées. Pour les lycéens, l’enseignement en ligne signifiait également qu’aucun des moments de joie auxquels ils s’attendaient – créer des souvenirs pour la vie, des événements et des adieux – ne pouvaient être réalisés. Par conséquent, eux aussi ont fuit la scolarité en ligne qui ne pouvait pas reproduire l’année qu’ils avaient imaginée.
Les réponses gouvernementales : être prêt pour cette urgence éducative
Alors que les fermetures ont profité aux entreprises privées, les États aussi ont également pris la tendance à la numérisation, en gardant à l’esprit le bien-être social et l’équité. Les mesures introduites par ces derniers vont de la radiodiffusion télévisuelle et radiophonique à la distribution de gadgets et de crédit téléphonique aux pauvres. Il reste cependant une différence flagrante entre les mesures prises par les pays à revenu élevé et celles des pays à revenu intermédiaire ou faible. La Finlande, un pays à revenu élevé possédant l’un des meilleurs systèmes éducatifs au monde, n’a pas tardé à réagir aux fermetures d’écoles. YLE, la société nationale de radiodiffusion finlandaise s’est associée à des acteurs du secteur de l’éducation pour lancer YLE Distance School (YLE Etäkoulu) et le service YLE Triplet pour la diffusion de ressources scolaires et d’actualités[7]Saku Tuominen, Stories of Education Continuity from the COVID Crisis: Finland (2021), HundrED, https://hundred.org/en/articles/stories-of-education-continuity-from-the-covid-crisis-finland [accessed 16 June 2021]. Son programme éducatif a été renforcé par la critique fournie par les enseignants sur les groupes Facebook populaires finlandais. La diffusion à la télévision et à la radio de contenus informatifs dans l’après-midi a été le résultat de ce mécanisme de debriefing. Le nombre fulgurant d’enseignants et d’étudiants utilisant ces services suggère une acceptation massive et un accueil favorable de la part de la population. D’un autre côté, l’Afghanistan, avec un revenu par habitant inférieur à 600 $[8]GDP per capita (current US$) – Afghanistan (2020), World Bank, https://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.PCAP.CD?locations=AF [accessed 16 June 2021], a également pris des mesures similaires mais a récolté des résultats infructueux. Ce pays à faible indice d’éducation, déjà ravagé par le terrorisme et la guerre, a promu l’apprentissage à distance numérique via les réseaux sociaux, la télévision et la radio. Mais tout cela en vain puisque 70% de la population n’a même pas accès à l’électricité[9]Ezzatullah Mehrdad, Inside Afghanistan’s Education Crisis (2020), The Diplomat, https://thediplomat.com/2020/11/inside-afghanistans-education-crisis/ [accessed 16 June 2021]. Les lignes directrices de l’EFTP publiées par le gouvernement ne signifient rien pour les familles désespérées, qui se retournent vers le travail des enfants lorsque les choses deviennent difficiles (encore davantage dans des moments comme ceux-ci). PenPath, une organisation afghane à but non lucratif, estime que 6 millions d’enfants ont abandonné l’école et que 1 500 écoles ont été fermées en novembre 2020[10]Mehrdad, The Diplomat. Des infrastructures inadéquates, des écoles surpeuplées, une pénurie de manuels, un personnel enseignant incompétent et le financement d’écoles fantômes aggravent la situation. ONU Femmes, UNICEF et Human Rights Watch ont alerté dans une déclaration conjointe des conséquences néfastes de la pandémie du coronavirus sur l’éducation des femmes et des filles en Afghanistan en octobre 2020[11]Mehrdad, The Diplomat.
En examinant attentivement les mesures prises par les différents gouvernements en réponse aux perturbations éducatives, la relation entre la prospérité économique d’un pays et ses capacités d’infrastructure sociale apparaît. Cette relation joue un rôle aussi déterminant que la réponse enthousiaste de l’Administration, pour le succès des actions politiques. Le Seguimos Educando d’Argentine ou Apprendrer en Casa du Mexique[12]National learning platforms and tools [n.d], UNESCO, https://en.unesco.org/covid19/educationresponse/nationalresponses [accessed 16 June 2021] ou d’autres initatives de pays en voie de développement, peu importe leur qualité, des pays comme l’Australie et la Canada s’ens ont mieux tirer grâce à leur énorme capacité financière. (La pandémie à ce sens n’est pas démocratique du tout.)
Le cas indien illustre le mieux l’impact d’une planification inepte. Les étudiants des classes 1-8 ont été promus sans aucune évaluation. Les examens pour les classes de 9eme et 11eme furent organisés sur des plateformes en ligne susceptibles d’être impactées par la triche. Enfin après un long arrêt et plusieurs réunions inutiles, les examens du CBSE (puis ceux des jurys régionaux) pour les 10eme et 12eme classes ont été annulés. Même si ce type de décisions peut sembler approprié, cette solution n’est pas la meilleure. Malgré l’annonce du New Education Policy (un nouveau directif pour l’éducation) l’an dernier, l’administration centrale de l’Inde n’a pas trouvé d’alternative aux méthodes conventionnelles de contrôle des connaissances et, du coup, d’admission à l’université.
Les gouvernements fragiles, les politiques instables et la pauvreté structurelle incitèrent les institutions internationales à intervenir au sein des affaires intérieures des pays. Dans des pays comme l’Yemen et le Sud-Soudan, confrontés à des insufisance internes, il est impossible d’imaginer que leurs administrations rédigeront (ou même seront en mesure de le faire) des mesures pour l’éducation, quand ils combattent déjà une catastrophe médicale et interne. Prenons le Niger2 comme un exemple. L’UNICEF, le GPE (Partenariat mondial pour l’éducation), l’AFD (Agence française de développement) et d’autres institutions sont venus au secours de cette nation sahélienne pauvre qui a le plus faible indice d’éducation au monde. Environ 11 millions d’euros ont été débloqués par le GPE et 132 autres millions de $ par Swiss Corporation and Luxe Corporation, l’AFD (l’Agence France Développement) et l’UNICEF pour la mise à disposition de radios, de livres, de rations alimentaires et enfin des kits d’hygiène et des autres biens essentiels.
(Photo de couverture: l’auteur avec ses camarades faisant un exposé en classe, avant le confinement.)
Traduction : Vidhi Taparia, B. de Foucauld.
Références
Great!
interestingly penned.
NICE
Un article très intéressant sur les impacts socio-économiques du Covid sur les pays émergents, à court, moyen et long termes. Les exemples actuels de coopération internationale privée et publique donnent des idées intéressantes, à condition que chaque culture locale soit respectée.