Fausses déclarations, opacités, largesses : les plaies de la démocratie locale

Contrib’City, dans le cadre du développement local, avait déjà publié plusieurs analyses, avec force exemples concrets de territoires spécifiques, pour montrer combien cette dynamique doit être développée afin de contrer une hyper-centralisation qui date de Louis XIV (Louis XIII ayant initié ce mouvement afin de conforter le pouvoir royal et éviter les luttes entre les différents duchés du royaume).

J’avais démontré qu’un pouvoir trop fortement centralisé provoque des lourdeurs de gestion des territoires, provoquant une augmentation des coûts, un ralentissement des actions à mener et souvent une inadaptation par rapport aux réalités locales.

Hélas, dès qu’un pouvoir lâche du lest, la tentation est forte, pour l’autre, d’abuser de ce dernier en trichant avec les règles. On se souvient des fausses déclarations à la HATVP, notamment de la part de Marie-Hélène Aubert lors des élections départementales de 2015 et de 2021 et lors des municipales de 2020. On n’oubliera pas non plus les largesses accordées à cette même élue par son premier adjoint, Gilles Curti (un contrat de location d’une maison de haut standing à des tarifs à moins de la moitié du marché). On se remémore les questions officielles, en vertu de l’article 15 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, où Contrib’City avait demandé des explications au maire de Jouy-en-Josas au sujet du goudronnage, par l’entremise de la mairie, d’une parcelle privée donnant accès à la propriété de son premier adjoint : encore lui ! Le propriétaire de cette même parcelle, questionné par CC, avait indiqué à votre site que pour tout renseignement concernant le revêtement de cette entrée privée, en forme de demi-lune, on devait se renseigner, justement, auprès de la municipalité de Jouy-en-Josas. Donc, on devait demander à une institution publique des informations concernant une action privée dans un espace privé : étrange, n’est-ce pas ?

Dès lors, plusieurs questions se posent :

Si Marie-Hélène Aubert, multi-millionnaire, n’avait pas publié de fausses déclarations à la HATVP, notamment au sujet de l’ensemble de ses intérêts publics – trois mandats cumulant des revenus supérieurs à trois fois le salaire médian français – et privés (une propriété à Noirmoutier qu’elle mettait en location), peut-être que cela aurait fait réfléchir certains électeurs ? En tout cas, ces derniers auraient voté en toute connaissance de cause, et c’est cela qui est vital pour la bonne santé de la démocratie locale : voter en toute connaissance de cause.

Autres questions : si M. Gilles Curti, qui habitait à Versailles en 2021, n’avait pas hébergé sa cheffe de file politique dans son vaste domaine de Jouy-en-Josas, pendant de nombreuses années, à des tarifs défiant toute concurrence, est-ce que Marie-Hélène Aubert l’aurait pris comme premier adjoint après qu’elle fut élue en 2020 ? Et si elle n’avait pas pris ce dernier comme premier adjoint, est-ce qu’elle aurait pu continuer à vivre dans la propriété de haut standing de M. Curti? Le fait même que l’on puisse, en toute logique, se poser ces questions provoque un malaise. On peut, du coup, s’interroger : est-ce que l’intérêt public était et reste le seul objectif de ces élus locaux ?

Lorsqu’un édile refuse de répondre à des questions au sujet du financement et de l’organisation de travaux, par des moyens mis en marche par la mairie, mais sur une parcelle privée, à nouveau, on éprouve un malaise : qui paye quoi ? Où sont les limites entre les intérêts privés et publics? Le refus du maire de répondre à ces questions renforcent cette inquiétude quant à la gestion des biens publics jovaciens, surtout lorsque l’année suivante, en 2022, le maire augmentait les impôts locaux de 25 %.

Derrière tout cela, une grande question apparaît, à la fois crue et en toile de fond, dans un contexte socio-économique difficile, dominé par l’inflation, des taux d’intérêts et des taxes élevés, des services publics en difficulté et une dette publique française abyssale : peut-on faire confiance à une élue, en l’occurrence Marie-Hélène Aubert – vice-présidente des Yvelines et de Versailles Grand Parc et Maire de Jouy-en-Josas – qui a publié de fausses déclarations, sur l’honneur et sur un site public dépendant directement du Premier Ministre, pendant plus de six ans, à plus d’un million d’Yvelinois dont huit mille Jovaciens? Peut-on faire confiance à une responsable politique qui a menti si longtemps à une population entière? Est-ce raisonnable de vouloir la décentralisation quand un élu local se permet ce genre de mensonge et ce, d’une façon répétée?

D’un côté, une administration centrale qui doit faire face à ses lourdeurs. De l’autre, un pouvoir décentralisé mais avec moins de contrôle quant aux faits de certains élus locaux. Que choisir? Le débat est lancé!

Pour l’heure, Contrib’City souhaite une très bonne année à ses lecteurs. Le souhait du site pour 2024 : plus de transparence dans la vie publique locale.

 

Couverture : Marie-Hélène Aubert, vice-présidente des Yvelines et de Versailles Grand Parc, et Maire de Jouy-en-Josas, et son premier adjoint Gilles Curti. En arrière fond, les drapeaux du département des Yvelines et de la ville de Jouy-en-Josas. La devise de la ville : Recte et vigilanter, c’est-à-dire Droiture et Vigilance. Vaste programme!

2 réflexions sur “Fausses déclarations, opacités, largesses : les plaies de la démocratie locale

  • 16 janvier 2024 à 13 h 52 min
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    Pourquoi les personnes qui nous dirigent se prennent pour plus importants et transgressent les lois ?

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    • 16 janvier 2024 à 14 h 00 min
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      Bonjour Géraldine, excellent question! Au contraire, elles devraient montrer l’exemple.

      A titre de rappel :
      Art 1 de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen : “Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.”
      Art 6 : “Tous les citoyens étant égaux [aux] yeux [de la loi]…”

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