Aménagements hydrauliques : le dilemme

Souhaitant au départ répondre à un commentaire sur l’article Risques et atouts de Jouy-en-Josas (Ile-de-France) : les enjeux du Conseil Municipal (27 mai 2020), Contrib’City a finalement préféré le format d’un article afin d’entrer plus dans les détails sur le dilemme des équipements hydrauliques. En effet, vis-à-vis des équipements de lutte contre les inondations, et des territoires aménagés autour (y compris les zones vertes créées par des paysagers souvent très compétents), les élus sont face à la question de l’utilisation de ces aménagements. Par exemple : va-t-on garder artificiellement de l’eau dans les zones plates afin de pouvoir jouir d’un étang en été? Ou bien laisser la rivière aller à son étiage naturel, laissant ainsi le maximum de volume vide disponible pour retenir l’eau en cas de crue exceptionnelle? Au flux de la Bièvre amont, il faut rajouter les rus, souvent torrentiels en cas de précipitations orageuses, provenant des coteaux. A titre de précision, la crue du 9 mai dernier, cinquantennale, était d’ordre moyen mais pas exceptionnel. Si les orages également annoncés pour le lendemain (Météo France) s’étaient produits, alors il est probable que le niveau d’eau fut vraiment devenu problématique. En tout cas, contrib.city pense à tous les citoyens dont les caves ont été inondées. Un arrêté de catastrophe naturelle a d’ailleurs été demandé par la mairie.

La nappe phréatique effleure le sol, dans le fond de la vallée, près de la gare de Vauboyen, après une pluie. Photo : BdF, le 1er mars 2020.
Ecoulement, après un épisode de pluie, via une canalisation en aval de la rue de Villeras. Cette rue est située sur le coteau sud, entre Jouy et Saclay. Photo : BdF, le 1er mars 2020.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Terrain de tennis inondés, après une pluie, dans le fond de la vallée, près du centre-ville. Photo : BdF, le 1er mars 2020.
Chantier Nacarat, dans le lit majeur de la Bièvre. L’immeuble est prévu avec des garages souterrains. Que se passe-t-il en cas de crue orageuse pendant l’été, lorsque les Jovaciens sont en vacances? En cas de sinistre classé en catastrophe naturelle, qui paye : le promoteur, les propriétaires, ou bien l’ensemble des Français assurés qui n’ont pas été consultés? A titre de rappel, la mairie de Jouy-en-Josas a lancé une procédure de reconnaissance de catastrophe naturelle pour un épisode de pluie orageuse, suivi d’une crue moyenne (cinquantennale), survenu dans la nuit du 9 au 10 mai 2020. Photo : BdF, le 1er mars 2020.

Le Syndicat Intercommunal pour l’Assainissement de la Vallée de la Bièvre (SIAVB) a fait un gros travail depuis plusieurs décennies pour réguler les flux de la Bièvre. Cela permet de “lisser” les “extrêmes” (crues et étiages), tant que ces derniers ne deviennent pas exceptionnels. Par contre, contrib.city prône la prudence : ce n’est pas parce que l’on aménage les bords d’un cours d’eau qu’il faut se sentir obligé de construire des immeubles avec caves dans le lit majeur du dit cours d’eau et ainsi soumettre à un risque des logements souvent onéreux. Selon contrib.city, les mesures habituelles pour prévenir une inondation est de limiter l’artificialisation des berges, comme l’indique également l’association Les amis de la vallée de la Bièvre. Si construction dans le lit majeur il y a, il est nécessaire de construire sur pilotis, un peu à l’image de ce qui s’est fait dans le quartier de Broadwater Farm, dans la vallée de la Moselle, dans “l’arrondissement” (borough) de Haringey, au nord du Grand-Londres. Ou bien à celle de ce que faisaient les Parisii sur l’Ile-de-la-Cité : leurs huttes étaient également sur pilotis. Quant au Cambodge, avec lequel le SIAVB coopère, un Français originaire de ce pays a récemment envoyé à Contrib’City des photos montrant des habitations, aussi sur des pieux en bois : depuis des générations, les paysans, au lieu de lutter contre l’eau, l’utilisent et les crues servent aux rizières, pour la plus grande joie des enfants tout heureux de s’y baigner.

Broadwater Farm (La Ferme des grandes eaux) à Haringey, au nord du Grand Londres. Vue sur une partie du bâtiment Tangmere, en forme de Zigurat. On remarque les zones de parking, entre les piliers. Photo : BdF, le 21/09/2012.
Vue sur les pilotis en béton du bâtiment situé en face de Tangmere. Comme il s’agit d’un garage au niveau du sol, l’évacuation des voitures, des habitants et de l’eau est beaucoup plus facile que si l’aire de stationnement était souterraine. Des questions demeurent toutefois vis-à-vis de ce quartier : en cas d’inondation, que deviennent les installations installées sur réseau (électricité, gaz, téléphone, informatique, égoût) ? Pour des raisons de coûts, ces installations sont rarement étanches. Egalement, que deviennent les véhicules ? En cas d’inondation, les transports en commun ne peuvent plus circuler, donc on ne peut pas revenir chez soi si l’on a garé sa voiture loin de son domicile. Photo : BdF, le 21/09/2012.

(Photo de couverture : le terrain de pétanque de Jouy-en-Josas, près de la gare, au fond de la vallée. Photo : BdF. Le 1er mars 2020, après un épisode de pluie).

 

2 réflexions sur “Aménagements hydrauliques : le dilemme

  • 5 juin 2020 à 20 h 57 min
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    Bonjour monsieur Foucauld,
    J’aimerai avoir votre avis sur cet urbanisation à outrance des centres villes. croyez vous que des constructions sur pilotis reduiront les risques et les coûts >>> assurance, sécurité etc….. ?

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  • 5 juin 2020 à 9 h 46 min
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    Bonjour,
    Bravo au siavb qui fait un magnifique travail pour réduire un maximum l’effet inondation. Pour autant, le centre reste toujours en zone inondable……….
    Merci pour cet article fort intéressant

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