Paré pour une 2e vague?
Hier, me rendant dans un lieu de prière où les gens ont la réputation d’être plutôt raisonnables, j’ai soudain vu l’édifice se remplir tel le golfe du Morbihan lors d’une marée montante de fort coefficient! Pourtant, j’avais bien fait réserver ma place, comme le veut le protocole sanitaire édicté par les autorités nationales. Las, devant le raz-de-marée, j’ai dû battre en retraite en expliquant que moi-aussi je croyais en la vie éternelle mais que j’avais encore deux ou trois devoirs (et accessoirement un ou deux dossiers) à remplir en ce bas-monde.
Le soir même, ayant oublié une combinaison marine, je repars à la Grand-Plage de l’Ile-aux-Moines, et je vois, au milieu de l’étendue de sable, quelques dizaines de jeunes étroitement rassemblés, en train de parler et danser. Quelques jours auparavant, une grande “boum” publique avait eu lieu au même endroit : au fur et à mesure que les gens arrivaient autour du “DJ”, la mer, inexorablement attirée par la Lune, montait vers le haut de la plage. Le phénomène de compression entre le mur de granit et l’eau montante n’a pas fait défaut.
Face à de telles scènes dans un endroit plutôt familial et tranquille, je n’ose imaginer le déroulement des multiples manifestations officielles ou impromptues qui ont dû avoir lieu dans les grandes stations balnéaires du sud-ouest de la France ou bien de la Côte d’Azur. Les nouvelles, pourtant, portent à réfléchir : la Catalogne, à nos portes, a recommencé le confinement et l’Espagne songe à fermer à nouveau ses frontières, n’en déplaise l’U.E. Aux Etat-Unis, en Chine, en Inde et au Royaume-Uni, le Corona continue. La Russie, d’après le New York Times[1]“Russia said to try theft of reasearch on vaccine” (“La Russie a affirmé qu’elle essaye de voler la Recherche sur le vaccin”), The New York Times – International Edition, 18-19 juillet 2020, envisage toutes les solutions possibles, y compris l’espionnage industriel, en vue de voler les informations biologiques relatives à un éventuel vaccin.
Lorsque le gouvernement français avait ordonné les mesures de confinement, j’avais trouvé le procédé exagéré : maintenant, de la part de nombre de concitoyens, je trouve que beaucoup de comportements sont irresponsables. Même s’il est vrai que par essence, l’espèce humaine est sociale, c’est-à-dire faite pour être en relation avec les autres (quitte quelque fois à taper sur son voisin!), et que l’ensemble de nos organisations, y compris celles dédiées aux loisirs, sont conçues sur le modèle du groupement et de la production de masse, nous devons stopper la progression du virus couronné. En effet, à titre de rappel, si le Covid 19 cause des pertes humaines, ses conséquences économiques et sociales risquent d’être effroyables.
Sur le plan financier, l’Etat français, déjà endetté à plus de deux fois ses revenus annuels (2 trillions d’euros d’encours pour un trillion d’apports par an), sans compter ses engagements à long terme, aura augmenté son endettement d’un quart, rien que pour l’année 2020. Si l’on prend la comparaison, un peu biaisée, avec le PIB[2]En effet, le Produit Intérieur Brut correspond à l’ensemble des richesses produites sur le territoire français dans une période donnée, généralement une année civile. Mais l’Etat, malgré le fait que ce dernier contrôle 56% du PIB (pré-covid), ne possède pas l’ensemble de ces richesses. Donc le rapport dette publique/PIB ne correspond pas à la réalité comptable. La pertinence est de comparer la dette publique avec les revenus de l’ensemble des structures publiques françaises., en une seule année, les Français seront passés d’un endettement de 100% du PIB à 125%! Déjà, sur des chaînes comme BFM, des économistes affirment ouvertement que le déficit public n’est pas grave ou bien que la dette peut être perpétuelle. Ces expressions préparent simplement l’opinion publique à accepter le fait que nous ne pourrons (voudront?) jamais rembourser nos encours accumulés depuis 1981. En d’autres termes, que la cessation de paiement de l’Etat français est en cours de préparation. Mais promis, ce dernier utilisera des termes plus poétiques et/ou plus complexes pour désigner (ou cacher?) cette réalité.
Sur le plan social, on s’attend à des licenciements massifs en même temps que l’arrivée de 700.000 jeunes diplômés sur le marché du travail (Ouest France; l’Etudiant). Si la seconde vague en France se révèle aussi forte que la première, la rentrée, tout le monde le pressent plus ou moins, risque d’être compliquée, pour utiliser un mot à la mode dans le milieu de la com’. L’été actuel se vit peut-être comme une bouffée d’oxygène entre deux confinements, comme la Drôle de guerre vécue entre fin 1939-début 1940 en France : le deuxième combat est inévitable mais juste un peu retardé.
Mais nous pouvons toujours espérer un miracle, à condition, toutefois, que chacun y mette du sien pour prévenir la pandémie. Sinon, septembre 2020 pourrait bien prendre feu et notre économie devenir crépusculaire.
(Photo de couverture : soirée impromptue sur la Grand’Plage de l’Ile-aux-Moines. Photo : BdF, le 19 juillet 2020)
Références
Avec des dettes publiques et un chômage qui explosent je parlerai plus de tsunami. La rentrée donnera le tempo de cet avenir très sombre qui s’annonce. Notre premier cordée risque fort de dévisser !!!!
On n’est pas prêt : Adieu Corona !
Bonjour Prithwindra. Soit je n’ai pas compris votre commentaire, soit je l’ai malheureusement trop bien intégré. Toutefois, pour l’ensemble des lecteurs, pouvez-vous, svp, préciser votre pensée?